4.5.1.2. Historique des grandes étapes de l’histoire de l’industrie française 62

L’économie française ne connaît pas au XVIIIème siècle l’ensemble des transformations cumulatives qui constituent la révolution industrielle, cependant elle est loin d’être dans un état de stagnation. Un tissu industriel ancien, dispersé mais non négligeable, existe sous différentes formes.

Au-delà des crises périodiques, la croissance économique au XIXème siècle peut être divisée en plusieurs phases : de 1820 à 1870, elle est plus ou moins régulière, mais forte en moyenne ; en 1870 commence une phase de ralentissement, puis de stagnation, qui dure jusqu’en 1896 ; les dernières années du siècle jusqu’à la guerre voient le retour de la croissance.

Les années trente donnent lieu à un retournement : toutes les branches connaissent un infléchissement important de leur production ainsi que de l’emploi. C’est notamment le cas de la métallurgie et des industries mécaniques et électriques qui, avec la chimie, ont joué un rôle moteur dans l’expansion antérieure à la crise.

L’historien Grégoire Madjarian assimile les événements immédiatement consécutifs à la seconde guerre mondiale et à la Libération à une “ révolution politique ” du type de celles connues par la France en 1830 ou en 1848. Cette dénomination a le mérite de rendre compte de l’ébranlement de l’ensemble de la société française alors intervenu et qui va aboutir à la remise en cause de ce caractère “ composite ” du capitalisme français, et à un ré-ordonnancement progressif de l’économie autour d’une dynamique de croissance.

Les années 1959-1974 sont certainement celles où la préoccupation industrielle est la plus largement ressentie tant par le pouvoir politique que par les milieux économiques ; une étude de l’INSEE de 1975 note : “ Les structures industrielles se sont plus transformées en dix ans que dans le dernier demi-siècle. ” La crédibilité du projet politique gaulliste d’autonomie de la France par rapport à ses partenaires atlantiques suppose une industrie renforcée tenant le choc de l’intégration de la CEE et de la perte progressive des marchés protégés coloniaux.

Jusqu’à la fin des années soixante, les exportations ne constituent qu’un débouché subordonné pour l’appareil industriel dont le développement est pour l’essentiel autocentré. C’est ce que montre le découpage en “ sections productives ” élaboré par Hugues Bertrand et fondé sur l’usage fait des biens produits. Trois sections sont ainsi obtenues : biens d’équipement des entreprises (S1), biens de consommation des ménages (S2), et biens exportés (S3). Chacune des sections inclut les biens intermédiaires incorporés et il est possible de ventiler les importations selon leurs destinations.

Notes
62.

Pour cela, nous avons travaillé avec les ouvrages de Holblat et Husson(“ l’industrie française ”, op. cit. ), mais aussi de Gourlaouen et Perraudeau (“ Economie – Croissance et cycles élémentaires, Cours Vuibert, tome 1, 1987, 334p.)