Tendance naturelle ou poids de la crise ?

Si nous adoptons un schéma analogue à celui de l’économiste australien Colin Clark (qui a développé la distinction désormais consacrée entre les trois secteurs fondamentaux de l’économie : primaire, secondaire et tertiaire), le déclin de l’industrie sera interprété comme correspondant à la succession naturelle des activités dominantes : après avoir supplanté l’agriculture, l’industrie serait à son tour détrônée par les services. Ce processus correspondrait aux modifications de la demande finale dans les pays capitalistes développés où les besoins en produits industriels tendent à plafonner avec l’élévation du taux d’équipement des ménages en biens durables, le ralentissement de la croissance démographique…

Certains complètent ce raisonnement par un volet spatial en le reliant à la division internationale du travail : la succession des activités signifie également leur déplacement géographique et les pays dits en voie de développement sont destinés à prendre le relais des puissances industrielles actuelles pour les productions à faible valeur ajoutée ou banalisées.

Il y a donc certainement une composante tendancielle dans le recul enregistré par l’industrie en France depuis le début des années soixante-dix, mais il est difficile de la séparer des retombées de la crise économique et des faiblesses spécifiques du tissu industriel français.

La crise économique actuelle, pas plus que les précédentes, ne se réduit à une crise industrielle, mais il s’agit là d’une des composantes essentielles de la phase descendante du cycle long qui a commencé à la fin des années soixante, aussi bien sous l’angle du mode d’accumulation et du procès de travail (ce que recouvre généralement l’expression “ crise du fordisme ”) qu’en terme de débouchés.