2 - Critique des approches contemporaines de la nationalité et de la citoyenneté

On a vu tout l’intérêt qui pouvait être tiré des approches axées sur la citoyenneté ou la nation tant dans la critique d’un modèle idéal de participation politique que dans la compréhension des processus propres à la vie politique française. Cependant, ces approches, malgré leur intérêt, ne sont pas sans faiblesse. Les analyses historiques de la citoyenneté et de la construction nationale, en axant leur réflexion sur la construction de la République et notamment sur les débuts de la IIIème, ne font souvent qu’expliciter un modèle de citoyenneté sous-jacent que les agents de l’Etat s’efforceraient de promouvoir. L’insistance sur le rôle prépondérant de l’Etat - et notamment son travail constant d’inculcation d’une morale civique -, si elle est fondée, n’ouvre en revanche que peu de perspectives sur la réception et la réappropriation des nombreuses initiatives de ce dernier (1).

Les analyses portant sur les relations des profanes au champ politique permettent d’indiquer combien les individus les plus démunis en capitaux économique et social ont tendance à être exclus du champ politique et à participer à leur propre exclusion. Cependant, en insistant sur ces processus d’exclusion, ce type d’analyse ferme du même coup toute recherche des liens tissés par les citoyens avec le champ politique (2).

Si le modèle classique semblait, dans sa cohérence radicale, ne laisser que peu de place à une réflexion sur les liens que pouvaient construire et entretenir les citoyens dans leur relation à l’autorité politique, il semble que sa réfutation n’offre guère plus d’opportunités et d’outils en la matière. L’explicitation des postulats sur lesquels ces analyses se fondent et les limites qui en sont corollaires le montre bien (3).