2- La logique de l’offre politique

On a pu voir qu’il fallait porter un certain crédit aux courriers adressés par les citoyens à leur maire. Ces derniers prennent la parole, font preuve d’une certaine capacité à exposer leurs demandes ou griefs, à problématiser des situations dont ils s’indignent et à articuler des arguments. Ces capacités conduisent à reconnaître aux citoyens une certaine compétence et à voir dans leur prose et leurs effets un exercice politique.

Il convient cependant de relativiser une telle perspective : le recours au courrier pour faire entendre critiques, réflexions ou demandes apparaît comme une pratique contrainte. Si on ne peut nier le savoir-faire - différencié - des citoyens, leur aptitude à se déplacer au sein de ce registre particulier, il n’en reste pas moins qu’ils demeurent fortement dépendants de la construction publique des causes sur lesquelles ils s’expriment. Ce registre qui offre, a priori, des possibilités d’expression très larges - qu’il s’agisse des objets saisis ou des argumentaires construits - semble en effet, et paradoxalement, accueillir des réflexions ou demandes limitées aux possibles ouverts par la municipalité elle-même.