L’analyse des scènes se déroulant en présence de Tiers permet de rendre compte des conventions régissant les discours sous contrainte de publicité. Ces discours, largement analysés aujourd’hui391, doivent, pour être recevables, mettre en oeuvre des arguments reconnaissables par tout un chacun, valables en toute généralité et susceptibles de convaincre le plus grand nombre. C’est ce que montre la première analyse initiée par Luc Boltanski à travers le modèle de la dénonciation et ce que confirment les recherches entreprises à propos du régime de la justification (1). Dans ces deux modèles, un rôle primordial est conféré à la présence d’un Tiers, au public : il s’agit en effet de l’actant qui juge de la normalité et de la recevabilité des arguments. Cependant, la construction de ce public comme Tiers, dans sa dimension métaphorique, n’est peut-être pas suffisante. Préciser la nature de cet actant, sa dimension et ses porte-parole devient alors nécessaire (2).
Cette question a été largement traitée, et notamment par tous ceux qui s’intéressent aux modes de prise de parole dans les médias et en particulier à la télévision. Pour un tour d’horizon de ces différentes approches cf. Brigitte Le Grignoux, “Le rêve démocratique de la télévision : l’exemple des vox-pop talk-shows”, Cahiers politiques, CREDEP Paris IX Dauphine, n°24, fév. 2000, pp. 30-46.