A- La construction des modèles

C’est en insistant sur les rapports entre les citoyens et le maire proposés dans les courriers que l’on peut définir le régime de l’interpellation. Les locuteurs, dans leurs missives, se présentent, construisent le maire comme partenaire ou adversaire de l’échange, indiquent les sentiments, les demandes ou relations qu’ils comptent instaurer : en bref, ils construisent un rapport avec leur interlocuteur. Ce rapport n’est pour autant pas complètement laissé au libre choix des citoyens. En effet, ceux-ci construisent leur position en regard de celle du maire. Une forme d’équivalence est ainsi présente au sein de ces courriers entre destinateurs et destinataire. Plus avant, la liberté de définition du maire est limitée par les différentes figures - disponibles dans la culture politique d’un pays - que ce dernier peut rappeler et incarner. Les citoyens inscrivent donc le maire, et partant eux-mêmes, dans des canevas déjà présents (1). Chaque citoyen inscrit donc son courrier dans une architecture probable que l’analyse précise des courriers permet de découvrir. C’est en effet en faisant appel à des outils rendant compte des interactions dessinées dans ces écrits et à un “questionnaire” administré à un grand nombre de courriers que des grammaires différenciées d’interpellation peuvent être identifiées (2).