2- Les citoyens et le maire-citoyen

Ecrire en tant que citoyen : qu’exige une telle prétention ? Quelles formes l’intervention peut-elle prendre ? Quelles sont les caractéristiques dont les locuteurs pourront se prévaloir ? Quelles démarches devront-ils entreprendre ? Comment articulent-ils leurs positions et celles qu’ils prêtent au maire ? Quelles relations seront privilégiées dans une telle configuration ?

Pour envisager de répondre à cet ensemble de questions, on ne peut s’appuyer sur les caractéristiques sociographiques propres aux personnes s’inscrivant tendanciellement dans ce modèle : sexe, âge, position politique, etc... On a déjà insisté sur l’ignorance de ces caractéristiques dans laquelle on était tenu. Il ne s’agit donc pas tant ici de produire une photographie objective de cette population en ayant recours aux catégories généralement employées - et considérées comme variables explicatives - mais bien de considérer la façon dont les locuteurs mobilisent ces différentes caractéristiques, construisent une identité situationnelle et une relation stabilisée avec les différents actants qu’ils posent comme pertinents473.

Pour analyser cette grammaire et en montrer les combinatoires possibles, nous proposons d’envisager, dans un premier temps, la façon dont les citoyens s’engagent dans ce modèle qui n’est pas plus naturel qu’un autre, et les efforts qu’ils doivent produire en conséquence. On verra alors que les locuteurs développent un discours argumenté et proposent un avis éclairé leur permettant de s’inscrire pleinement dans les débats qu’ils ouvrent avec le maire (a). On considérera, dans un deuxième temps, le rôle qu’ils accordent au maire : ce dernier étant simultanément considéré comme partenaire d’un échange et comme relais des désirs et revendications des habitants (b).

Notes
473.

Pour un exemple similaire, cf. Dominique Cardon, ““Chère Menie...” - Émotions et engagements de l’auditeur de Menie Grégoire”, Réseaux, n°70, en particulier p. 47 et s.