3 Le modèle de la sujétion

C’est en faisant la démonstration de leur appartenance au monde aristocratique que certains citoyens-aristocrates tentent de réduire voire d’annuler toute distance avec le maire et de promouvoir une relation d’égal à égal. Ces citoyens doivent alors se rehausser de façon à pouvoir atteindre le niveau qu’ils prêtent au maire et interpeller ce dernier à l’instar d’un pair. Les citoyens-sujets peuplant le modèle de la sujétion s’attachent en revanche à se rabaisser ; plutôt que de se grandir pour prouver leur proximité avec le premier magistrat, ces individus creusent l’écart qui les sépare de leur élu. Au maire aristocratique font alors face des sujets soumis et déférents. Mais l’accroissement de la distance entre les sujets et le maire-monarque, loin de jouer dans le sens d’une rupture, contribue au contraire à la création d’un lien fort entre eux. La déférence des sujets envers le maire n’est en effet que le pendant de la responsabilité du maire envers eux, responsabilité qui le place dans l’obligation de leur porter secours. C’est cette interpellation fondée sur l’accroissement-réduction de la distance entre le maire et les sujets que l’on se propose d’analyser dans le modèle de la sujétion.