2- Opportunités critiques

Le registre de la sujétion n’est pas seulement utilisé par des hommes et des femmes contraints à son emploi ; il nécessite de leur part un investissement indispensable au respect de sa grammaire. Cet investissement prouve combien les personnes ayant recours à ce type de registre, dans le cas où elles se trouveraient dans l’impossibilité d’envisager d’autres moyens d’interpellation, honorent néanmoins les règles nécessaires au succès de leur démarche. Le type d’engagement auquel les locuteurs se conforment et les relations qu’ils tissent avec le maire dans leur interpellation contraignent très largement le type de discours auquel ils peuvent avoir recours et les objets qu’ils peuvent saisir.

Si tous les objets semblent pouvoir être abordés à travers ce registre de la sujétion, il n’en reste pas moins que ce sont essentiellement des “ petites choses ” qui sont confiées. Les petites choses, à l’instar des petites gens qui les portent semblent particulièrement bien se prêter à ce type de registre :

• “Monsieur le Maire
  Je sais que votre rôle est riche en travail et en responsabilités, je viens pourtant vous parler de petites choses auprès desquelles on passe trop souvent à côté” [509].

La façon dont les citoyens-sujets abordent ces problèmes montre également le rôle primordial qu’ils accordent au maire et la difficulté dans laquelle ils se trouvent alors d’émettre une critique.