1- Les locuteurs contre le maire ou la pureté contre la traîtrise

a) Les locuteurs

L’opposition entre une politique pure, transparente, militant pour la grandeur de la nation, et son inverse que figure une politique politicienne nécessairement pervertie, se solde par l’imposition de la seconde qui recouvre toute la réalité de ses principes pervertis, et cela au nom même des principes les plus nobles. Il faut donc au locuteur, contre tous, tout à la fois réaffirmer les principes fondant la République ou la nation, et dénoncer leur déchéance. Dénoncer l’imposture d’un monde perverti, nécessite d’imposer une nouvelle définition du monde, définition inspirée de la vérité et de la proclamer publiquement ; ils doivent en un mot dire le monde tel qu’il est réellement. A cette fin, il leur est nécessaire de s’imposer comme interprètes pertinents de la vérité. Tout le travail du pamphlétaire consiste donc dans l’imposition simultanée d’une vision nouvelle du monde - en référence à un espace pur - et de soi comme interlocuteur nouveau et pertinent.

Imposer une nouvelle problématique et s’imposer comme seul détenteur de la vérité ne peut passer, à l’instar des autres modèles, par l’instauration ou le rappel d’une échelle partagée avec le maire : les deux mondes qui se font face n’ont rien de commun sinon, comme en miroir, une forme d’inversion. C’est pourquoi les locuteurs qui prennent la plume dénient réciproquement au maire tout droit à la parole.