2- Argumentaire pamphlétaire et fautes de grammaire

Il y a opposition de deux mondes : l’un, qu’incarnent les locuteurs est celui ancestral de la France tour à tour catholique ou républicaine, gauloise ou romaine mais toujours emprunte de grandeur ; l’autre, que symbolise le maire est celui de la même France pervertie, déchue, laissée en pâture aux ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur. Cependant, cette opposition fondatrice est largement effacée dans la réalité. En effet, ce sont les mêmes valeurs qui, selon les pamphlétaires, servent de référent à chacun de ces deux mondes. Ce qui est alors condamné ce sont moins des principes que la façon dont ils sont pervertis par les hommes qui s’en réclament. Il convient alors de convaincre - et même mieux de convertir - l’ensemble des hommes de la fausse route que prend la France et des conséquences néfastes qui ne manqueront d’en résulter.

Or faire partager cette conviction est un exercice particulièrement difficile dans un monde recouvert de part en part par le voile du mensonge. Les arguments traditionnels sont souvent impropres à soutenir la révélation que le locuteur se propose d’entreprendre. En effet, quel argumentaire suffisamment indépendant du monde vicié est susceptible de convertir le lecteur ? Le locuteur se retournera alors - au-delà du seul manichéisme rendant compte de l’opposition fondamentale entre pureté et impureté - vers l’usage d’une rhétorique de l’évidence et vers des arguments très largement emprunts de pathos (a). Cette rhétorique spécifique qui signe l’abandon des ressources traditionnelles caractérisant le débat argumenté n’en est pour autant pas moins exigeante. On ne s’étonne alors pas de la présence de fautes de grammaire que les locuteurs sont amenés à faire par rapport à un modèle qui, au premier abord, semble pourtant si peu exigeant (b).

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