Des modèles critiques différents

On a pu voir, tout au long de l’exposition des différents modèles, que les opportunités critiques que chacun d’eux offraient à leurs utilisateurs étaient sensiblement différentes. Or, les modèles citoyen et de l’action collective - dont on peut d’ailleurs noter la proximité aux modèles classiques définissant la citoyenneté -, semblent être les seuls registres laissant aux acteurs une grande liberté critique. Ils offrent en effet aux individus des ressources critiques permettant non seulement d’interroger les situations contestées mais aussi de développer une véritable critique du maire. Dans les autres modèles, cette possibilité critique, bien que présente, semble moins franche. Dans le modèle de la sujétion, les citoyens sujets dépendant du maire ne peuvent que s’en remettre à lui ; dans le modèle aristocratique, la proximité revendiquée avec le maire fait préférer les conseils d’amis aux critiques trop tranchées ; dans le modèle industriel, le maire est également relativement épargné dans la mesure où les responsabilités sont souvent jugées collectives ; quant au modèle pamphlétaire, s’il permet la critique du maire, il ne semble offrir que cette seule possibilité à ses adeptes. Les opportunités critiques des différentes configurations d’interpellation peuvent alors expliquer le recours plus ou moins important de chacun des registres.