Entre cultuel et culturel

Toute intervention de la mairie en faveur de la construction d’un lieu de culte serait vouée à l’échec tant la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat borne de façon stricte les possibles. C’est l’adjonction à l’édifice religieux d’un centre culturel ouvert sur l’islam qui permet de répondre à cette contrainte.

En effet, le projet présenté par l’ACLIF cumule construction d’une mosquée et création d’une fondation. Cette dernière, à l’image de l’Institut Islamique de Paris, servirait de lieu de rencontre, d’information, de débat et de recherche sur l’islam647. Cette fondation serait en outre appelée à participer au “rayonnement économique de la région comme lieu de rencontres et d’échanges pour les industriels lyonnais travaillant avec les pays islamiques”.

Cet axe culturel reçoit un large soutient de l’Etat648. Dès 1980, son financement semble assuré par les services de Jacques Dominati, ministre des Affaires culturelles de l’Education nationale et des Rapatriés sous le gouvernement de Raymond Barre. Il fera par la suite partie des engagements contenus dans la convention de développement culturel signée par Jack Lang, ministre de la Culture sous le gouvernement Mauroy.

Cette fondation culturelle n’aura pour autant aucune suite ni au niveau national ni au niveau local.

Notes
647.

M. Lahnèche, président de l’ACLIF à partir de 1981 présente ce projet culturel comme permettant le “développement des informations sur les spécificités culturelles musulmanes à l’intention de la Société Française” par la réception notamment “de hautes personnalités scientifiques ou littéraires françaises ou étrangères”. Cf. Commission générale du conseil municipal de Lyon, séance du 10 novembre 1983. E. Azoulay en donne cette perspective : “Cette réalisation revêtirait un caractère prestigieux tant à l’échelon national qu’international et par maints domaines comparables à l’Institut Islamique de Paris. En effet, il sera conçu comme haut lieu des cultures du Proche et du Moyen Orient et intégrera des scientifiques, universitaires, littéraires et artistiques”. DCML, 21 novembre 1983, p. 134.

648.

Dès l’origine, le projet de construction d’une mosquée semble bénéficier d’appuis importants, notamment au niveau national. C’est ainsi que Valéry Giscard d’Estaing, candidat aux élections présidentielles de 1981 fait mention de la mosquée le 28 avril, au cours de sa campagne ; parmi les quatre grands projets devant animer la ville de Lyon que ce dernier s’est engagé à promouvoir figure en effet la construction d’une mosquée. En novembre 1981, Maître Ribes, conseiller technique de F. Mitterrand récemment élu président de la République donne également un avis favorable à un tel projet.

Le soutien accordé par l’Etat et notamment par les différents présidents de la République, s’il n’est pas exempt de considérations électorales, n’en reste pas moins possible qu’à la condition que des personnalités locales s’en soient fait le relais.