Un nouveau projet

Nouveau, le projet l’est si l’on se reporte aux justifications qui l’étayent. Il en est ainsi de l’importance conférée à la communauté des Français musulmans en 1983, quasiment absente du débat engagé le 26 juin 1989 au sein de l’hémicycle communal lors de la confirmation du vote du précédent conseil municipal659. Seule est apportée à cette occasion la précision selon laquelle “les dirigeants de l’ACLIF sont dans leur immense majorité d’anciens officiers et soldats de l’Armée française”660. A l’ancienne rhétorique basée avant tout sur la mise en exergue des Français musulmans se substitue une rhétorique universaliste portée en première ligne par le nouveau maire Michel Noir.

Ce dernier déclare en effet “qu’il y a là un acte de dignité et de responsabilité dans la ligne de ce qu’avait été la décision unanime de notre conseil municipal il y a six ans”661. Restant dans une perspective faite toute de distance et de hauteur il rappellera par deux fois le 26 septembre et le 21 octobre 1989662 - alors que la polémique fait grand bruit -, son soutien au projet en confirmant la nécessité sans cesse renouvelée d’un effort pédagogique pour son explicitation. Ayant recours aux principes constitutionnels quand il le faut, il n’hésite pas à en appeler à “moins d’interférences politiques possible”663 pour dépassionner le débat.

Cette position de principe s’accompagne, de la part d’Alain Jakubowicz, 13ème adjoint chargé du respect des droits, d’une gestion très juridique du dossier, motivée par l’attachement à “l’Etat de Droit”.

Notes
659.

Le vote sera confirmé avec cependant trois abstentions, de MM. de Chaignon, Soulier et Mme Vinay. La presse sera unanime, dans la présentation de l’abstention d’André Soulier, à reconnaître un effet de positionnement politique face à Michel Noir dont il était l’adversaire aux élections municipales de mars 1989.

660.

Pour cette citation et les suivantes, cf. DCML, 26 juin 1989, p. 70.

661.

DCML, 26 juin 1989, p. 70.

662.

Il s’agit de deux entretiens accordés au Monde d’une part et au Figaro d’autre part.

663.

Le Monde, 26 septembre 1989.

664.

Propos d’A. Jakubowicz rapportés par Le Progrès du 31 août 1989.