PREMIERE PARTIE :
UNE SITUATION INITIALE CONFUSE, SUCCEDANT RAPIDEMENT A L’EUPHORIE DE LA LIBERATION

INTRODUCTION

Le moment de la Libération, qui, au contraire de l’armistice de 1918, n’est en rien instantané pour le pays puisqu’il s’étend en métropole de la libération de la Corse aux ultimes combats des poches de l’Atlantique, suscite de vastes mouvements de foules. Au processus complexe et obscur des mouvements, réseaux, maquis se superpose l’apparence unanime de la foule. S’il faut être très circonspect à propos du parallélisme classique entre celles qui encensaient PETAIN et celles qui acclament les libérateurs, elles ont au moins en commun de manifester le ralliement à ce qui exista en-dehors d’elles.

Le choc émotionnel vécu par ceux qui, pourchassés des mois, parfois des années, se voient célébrés en héros est parfois terni par des scènes comme celle que vécut à Chalon-sur-Saône Marcel CHAUVILLE, ouvrier communiste, prisonnier évadé puis résistant, fier de descendre d’une enfant naturelle du général de la Ière République JOUBERT, reconnue par ce dernier. Il dut s’interposer, faisant usage de la menace de son arme, pour empêcher une des multiples scènes de tontes de femmes. Ce choc est symbolique de la rencontre de deux dimensions de ce qu’est la société française, porteuses de l’héritage des années d’occupation et mais aussi nouant une partie de ce qui s’annonce.

Se pencher sur ce que furent les premières années de paix pour des résistants suppose alors que soit fait le point sur la situation de la région telle qu’elle se présente dès septembre 1944. Poids des contraintes matérielles, enjeux de pouvoirs et traitement de l’épuration en constitueront la trame.