1-1-Des destructions de guerre perturbant profondément la vie économique 

Si la désastreuse campagne de mai-juin 1940 provoqua peu de traces, limitée qu’elle fut à d’ultimes et héroïques combats, par contre la période de l’occupation comme les affrontements de la Libération laissèrent de profondes marques sur la région. Elle subit des bombardements alliés, comme ceux des 17 octobre 1942 et 20 juin 1943, visant à paralyser la contribution des usines SCHNEIDER du Creusot à l’effort de guerre allemand, sous contrainte et à basses cadences, mais aussi ceux qui visèrent les infrastructures ferroviaires d’une région carrefour. Le plus marquant concerna la gare de Nevers, le 16 juillet 1944, qui certes interrompit le trafic jusqu’au 4 août, mais fit 330 victimes, détruisit 300 immeubles ou maisons d’habitation, dans le cadre de ce que les militaires désignent par le terrible euphémisme de “ dégâts collatéraux ”. Si les actions de sabotage d’une résistance puissante, en particulier en Saône-et-Loire, marquèrent peu durablement les infrastructures, du fait de la modestie des moyens dont elle disposait, mais aussi par la volonté consciente de mener le combat libérateur tout en intégrant les besoins des temps futurs, par contre les destructions des dernières semaines, d’origine allemande pour freiner les troupes libératrices venues du sud, ou alliée pour couper leur retraite, furent lourdes. Ce fut particulièrement le cas de l’axe majeur de la vallée de la Saône, avec la destruction des ponts, de Verdun-sur-le-Doubs à Lyon et de gares importantes comme celles de Mâcon et Dijon.

Tout cela pesa lourdement sur le redémarrage de l’économie, imposant entre autre, un énorme travail de reconstruction. Ainsi, lors de la séance du 26 novembre 1945 de la deuxième session du Conseil général de l’Yonne, l’Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées rapporte 1 que pour le département, 8000 maisons sont sinistrées, dont 1200 doivent entièrement être reconstruites et que 90% disposent seulement d’une couverture provisoire. Dans son rapport au Commissariat de la République de Bourgogne-Franche-Comté du 28 octobre 1944, la Délégation régionale à l’information insiste sur l’ampleur des dégâts laissés par la retraite allemande, pillage, destructions, arrestations, fusillades 2 .

Notes
1.

AD 89 201W1.

2.

Idem.