A ces destructions, spectaculaires mais tout de même ponctuelles, laissant quasiment intactes les deux principales villes de la région, Dijon et Chalon-sur-Saône comme la majorité des espaces ruraux, s’ajoute, beaucoup plus insidieuse et pénalisante à moyen terme, l’usure ou la disparition des moyens de production. Ont manqué bien souvent tout au long du conflit les pièces de rechange pour les machines-outils de l’industrie, pour le matériel agricole comme pour les véhicules divers, utilisés par les prestataires de services, commerçants, médecins ou simples particuliers. S’y ajoutent les destructions, réquisitions opérées tout au long de la guerre mais plus particulièrement au cours des derniers mois précédant la Libération, par l’occupant comme par les FFI. Dans une région où la moitié de la population est encore rurale, où la motorisation de l’agriculture est encore limitée, les atteintes multiples au cheptel chevalin pèsent lourd dans l’activité agricole. Les prélèvements successifs de l’armée française mobilisée en 1939 puis de l’armée allemande en déroute en 1944, la surmortalité dans les zones de combats, privent souvent les paysans de leur animal de trait. La reconstitution d’un cheptel chevalin suffisant, en particulier dans des zones de cultures spécialisées comme les vignobles, prit plusieurs années. Dans son rapport mensuel au préfet de Saône-et-Loire du 13 décembre 1944 1 , le sous-préfet d’Autun, Henri VITRIER, fait état de cette grande difficulté pour les paysans du Morvan, aggravée par l’état d’un ‘“ matériel aratoire fatigué ”.’
AD 71 W123855, correspondance sous-préfet d’Autun avec le préfet de Saône-et-Loire.