1-3-Des échos multiples des désordresmonétaires et financiers : la question des prélèvements opérés par la Résistance

Ces actions, le plus souvent légitimées par les besoins matériels des mouvements, maquis et groupes francs comme par l’attitude des organismes ou personnes visés, firent l’objet de débats et légendes récurrents. Dès la Libération, ils font l’objet d’enquêtes diligentées par le Ministère de l’intérieur. Ainsi, le 26 décembre 1944, le préfet de l’Yonne transmet à ce ministère l’état des ‘“ prélèvements effectués auprès des perceptions, recettes des contributions indirectes, bureaux de poste ”’ du département 2 . Ils s’élèvent à 11,7 millions de francs, auxquels s’ajoutent 18,6 millions prélevés sur les fonds du bureau d’embauche allemand de Sens, opération effectuée ‘“ depuis la Libération par le colonel LAURENT à Sens ”’. Sur la seconde somme, 6 millions furent affectés au fonctionnement des CLL, le reste étant attribué à l’état-major de la région du Morvan, versé à DIAGRAMME, Colonel VIATTE. Les 11,7 millions précités ayant été “ dépensés vraisemblablement pour les besoins militaires du moment ”, le préfet conclut qu’‘“ il semble par conséquent impossible à l’heure actuelle d’en opérer la récupération ”. ’

De même, le commandant GUILLAUME, membre de l’état-major FFI de Saône-et-Loire, fait état 3 d’un “ prélèvement massif ”, le jour même de la Libération de Mâcon, le 4 septembre, de 50 millions sur la succursale locale de la Banque de France, pour opérer au remboursement de réquisitions réalisées sous l’égide des FFI.

Tout ceci désorganise manifestement la circulation monétaire, privant notamment les organismes d’Etat de liquidités. Les répercussions contribuent à la lenteur du redressement économique. Ainsi, le 13 décembre 1944, la CCI de Chalon-Autun-Le Creusot, dans son rapport au sous-préfet VITRIER, impute la poursuite des difficultés économiques au fait que ‘“ la trésorerie des entreprises s’épuise du fait des retards de paiements de l’Etat ”’ ‘ 1 ’ ‘.’

Notes
2.

AD 89 1W318.

3.

Claude ROCHAT-GUILLAUME, Les compagnons de l’espoir, Ed. ANACR, Mâcon, 1987, p.250. Par convention les pseudonymes seront écrits en italiques et en majuscules.

1.

AD 71 W123855.