7- Un ultime soupçon

Le rapport d’enquête d’août 1954 s’achève sur une dernière information concernant les fréquentations de KALIS. Elle porte sur un ecclésiastique lorrain, l’abbé ETZLINGER, agent du SD de Nancy, condamné en 1945, 1946 et 1966 (annexe n°4) pour atteinte à la sûreté de l’Etat, près duquel KALIS aurait résidé en Suisse en juillet 1954. Cette suspicion sur une troisième dimension du personnage éclairerait, si elle devenait réalité démontrée, deux circonstances où ALAIN fit état d’informations d’origine allemande, auprès de l’abbé VINCENT et de Rupert POLFIET. Elle expliquerait la pratique systématique du mystère, des pistes brouillées, de l’implication de gens bien placés.

Ainsi le personnage lui-même n’a d’intérêt historique que par ce qu’il révèle sur la période considérée, des temps de libération à l’année 1953. Imposteur imaginatif, escroc médiocre, aux liens douteux avec un agent allemand, il a su au mieux jouer des circonstances troubles de la période où la nécessité du secret lui permit de d’affabuler sur son passé, où les fractures politiques en jeu dans la Résistance, puis dans un contexte de guerre froide en gestation et finalement énoncée lui assurèrent des entregents et des complicités. L’incertitude du passé résistant de certains, l’opportunisme politique et électoral, l’anticommunisme revitalisé par la guerre froide assurèrent un terrain fertile à ses manœuvres. Reste l’incertitude sur la limite entre ses appuis réels et imaginaires et la part de naïveté chez certaines de ses victimes, toutes de mince intérêt historique, même si une élucidation délesterait des personnalités d’une part de responsabilité dans l’ascension et le parcours du beau “ colonel ALAIN ”.