S’il est des points communs entre les personnages que sont Lucien DOUSSOT et KALIS pour la Saône-et-Loire et André COURVOISIER pour la Nièvre, c’est bien le flou, sinon le mystère qui les entoure à propos de moments ou épisodes des temps de guerre et l’aspect étrange de leur intervention dans les circonstances de la Libération. Pour sa part, J.C. MARTINET 1 , n’hésite pas, tout en convenant que “ l’affaire COURVOISIER ” n’a pas fait “ autant de bruit ”, à établir une comparaison avec les cas de GRANDCLEMENT à Bordeaux et FARJON dans le Nord, comme lui officiers de l’OCM, étudiés par Gilles PERRAULT dans La longue traque.
Celui qui prend alors le pseudonyme de NAPOLEON, vite abrégé en NAPO, ce qui est déjà en soi une indication sur la modestie du personnage, arrive dans la Nièvre au cours de l’année 1942. Cet ancien sous-officier de Spahis, reconnaissant lui-même avoir de connexions avec le “ milieu ” parisien, est envoyé par l’OCM dans la Nièvre pour y installer des groupes dont le travail serait, en connexion avec le BOA, de préparer des terrains de parachutages et d’en organiser la réception.
Il disparaît en août 1943, à la suite de chutes massives dans les organisations où il intervient, réapparaît un an plus tard et joue un rôle surprenant dans la libération de Nevers. Ce personnage suscite alors des appréciations diverses et contradictoires, allant de l’apologie chez l’historien de L’OCM Arthur CALMETTE comme dans ses propres écrits, aux fermes condamnations venant des membres de l’Etat-Major FFI du département, notamment de son chef, le colonel ROCHE.
Les circonstances de la libération de Nevers comme celles des semaines qui la suivirent permettent de cerner le personnage et surtout de s’interroger sur ce qui lui permit de tenter et en partie réussir, d’apparaître comme le libérateur et le garant de la paix civile, alors que les faits en font un agent double, par ailleurs fort irresponsable.
Jean-Claude MARTINET, Histoire de l’Occupation et de la Résistance dans la Nièvre, Ed Delayance, p. 89.