2-La fin d’un parcours semé d’embûches, d’interrogations, et de comportements surprenants.

Le premier séjour de COURVOISIER-NAPO dans la Nièvre, de 1942 à l’été 1943 laisse quelques certitudes et beaucoup d’interrogations, minutieusement répertoriées par Jean-Claude MARTINET.

Les certitudes portent sur sa contribution à la structuration de l’OCM nivernaise, à partir de début 1942. Le dispositif mis en place par NAPO est impressionnant. Ce sont 10 sections qui couvrent le département et vont bien au-delà puisqu’elles incluent Moulins et Bourges, regroupent chacune 5 à 10 membres dont certains appartiennent en parallèle au BOA, recrutés principalement dans les milieux politiquement conservateurs, avec une forte représentation des professions libérales et indépendantes, commerçants, agriculteurs, cadres de l’Etat. Un comité départemental présidé par NAPO coiffe l’ensemble.

La mise en place de ce dispositif permet, au cours de l’année 1943, la réception de plusieurs parachutages d’armes que NAPO disperse et stocke dans de sites peu usités comme les silos à betterave, au nom de la stratégie strictement attentiste de son organisation. La majorité des armes furent perdues, soit par détérioration naturelle, soit par découverte par les Allemands.

Enfin, ne faisant aucun doute, est la vague d’arrestations qui frappe l’organisation en 1943. L’OCM est alors l’organisation relativement la plus frappée par la répression. Exécutions, déportations, emprisonnements disloquent totalement le dispositif que son chef choisit de quitter, se mettant à l’abri à Paris pour un an. Son retour en août 1944, le regroupement dans les bois de Chevenon d’hommes dont certains, comme GAYET-BEBERT et TARTRAT-KIKI, survivants des chutes de 1943, ne l’ont pas attendu pour reprendre la lutte, ne mériterait pas grande attention tant son rôle dans les combats résistants fut modeste, sans l’épisode nerversois de la Libération.

Ces quelques faits soulèvent des questions qui toutes portent sur NAPO, sur ses connexions parisiennes avant son arrivée dans la Nièvre et sur son rôle dans les chutes de l’été 1943 dont il a réchappé et qui ont suivi sa brouille avec Marcel BARON-MARQUIS, commerçant de Nevers, responsable des équipes BOA. Michel PICHARD salue le comportement “ intelligent, efficace, consciencieux ” de BARON 1 . Si rien ne permet d’affirmer l’implication active de NAPO dans ces chutes, une circonstance amène à forcément s’interroger : il s’agit de sa liaison, à partir de juin 1943 avec Alice G.-LILY, née en 1921 dans le Bas-Rhin, présentée, lors de multiples contacts ou rendez-vous où il l’emmenait, comme une résistante, membre influente de Libération. Cette jeune femme, “ allumeuse ”, avait été présentée à NAPO par un architecte de La Charité-sur-Loire. Subjugué, NAPO en fit son égérie. Celle-ci, après la guerre, s’est révélée être l’agent F8022 de l’Abwehr et fut condamnée en juillet 1945 à la réclusion à perpétuité pour “ intelligence avec une puissance ennemie ”. En ces circonstances, NAPO fut au moins totalement irresponsable. Non seulement il avait laissé LILY pénétrer bien des secrets de l’organisation, mais lorsqu’il la surprit dans une pose peu orthodoxe avec deux de ses hommes, il se contenta de la “ congédier ” selon sa propre expression lorsqu’il en fit part à son chef PICHARD-PIC, abasourdi par un telle légèreté. Quelques jours plus tard les arrestations commençaient. C’est donc ce chef au moins totalement irresponsable qui proclame le 26 août, son attachement à la “ ligne de conduite ” faite de “ droiture, discipline, responsabilité ”.

Notes
1.

Michel PICHARD, cité dans Jean-Claude MARTINET, op. cit. p.91.