2-DUPRE-GILHO une pièce maîtresse du dispositif allemand en France

CLEMENT-JO n’est qu’un personnage de seconde zone, dont les excès et les extravagances ne pouvaient que finir par intriguer ses chefs, même s’ils l’assuraient d’une grande popularité auprès de maquisards avides d’exploits spectaculaires et de justice immédiate. Il n’en est pas de même pour son supérieur hiérarchique, DUPRE-GILHO.

Celui-ci, membre de la direction du mouvement Ceux de la Libération-Vengeance 2 , est à la Libération chef du 2e bureau de la place d’Auxerre, chargédu contrôle de l’état-major FFI. Or, arrêté en 1946, il est jugé, condamné à mort et exécuté cette même année. L’enquête à propos de son passé met en lumière une autre face du personnage. Dès avant la guerre, il émarge à l’OVRA tout en infiltrant en Espagne le groupe dirigeant des Brigades internationales, où il est remarqué dans l’entourage immédiat d’André MARTY. En 1941, il est au service de Hugo BLEICHER-Monsieur JEAN de l’Abwehr qui est chargé d’infiltrer le réseau d’espionnage Interallié et en 1943 est de ceux qui sont chargés de mener un travail au sein de la section française du SOE. Au cours de son procès DUPRE-GILHO avoue être à l’origine de la chute du premier commandant des FFI de l’Yonne, Marcel CHAMPOT-CHOLLET ainsi que de nombreux autres résistants locaux.Cet agent de l’Abwehr put donc en toute impunité traverser la première année de liberté, en occupant des fonctions importantes dans le processus de liquidation des FFI. De plus, selon un rapport établi le 21 novembre 1973 3 , Paul PICOT, pharmacien à l’hôpital de Sens, ancien président du parti radical-socialiste de l’Yonne, avance que DUPRE-GILHO travaillait en même temps pour les services américains, leur fournissant en particulier des renseignements collectés par ses agents sur les rampes de lancement des V1. Ce dernier élément ferait du personnage un agent triple, servant deux des armées engagées dans le conflit tout en étant infiltré dans une structure de la Résistance française.

Notes
2.

Mouvement issu de la fusion de Ceux de la Libération et de Vengeance issu du PSF. Devient CDLL-Victoire après la Libération.

3.

AN 72AJ208.