4-Une infiltration diversifiée

Ainsi il apparaît que le département de l’Yonne a vu, au moins à tel ou tel moment, ses principales organisations de Résistance, CDLL-V, FTP, SOE, infiltrées par des agents ayant été ou étant au service des occupants. La capacité de plusieurs de ces agents à masquer leur double jeu au delà de la Libération contribue, lorsqu’il est découvert, à une certaine confusion à l’égard de la figure résistante puisque des cadres majeurs apparaissent comme complices de l’ennemi. Chez beaucoup de résistants cette découverte tend à engendrer un certain repli sur soi-même, manifestant le désarroi de ceux qui “ ne savent plus quoi penser ”. Cette attitude est renforcée par une fréquente indulgence illustrée par BLEICHER lui-même qui bénéficie d’un non-lieu, ayant tardivement, selon une expression qui fit florès, “ rendu des services à la Résistance ”. Quant à savoir si ce double jeu voyait alterner des séquences séparées par des retournements ou conciliait simultanément les deux activités, il apparaît dans les situations envisagées que c’est bien de la deuxième hypothèse qu’il s’agit, les chutes avouées s’étant produite en période d’activité résistante.

Donc, à des degrés de responsabilité et de dangerosité divers, des hommes troubles ont pu infiltrer, y compris à des postes de responsabilité importants, les dispositifs résistants. Qui plus est, et on est alors au cœur des préoccupations de cette étude, certains d’entre eux ont joué un rôle dans les processus de transition ou au moins bénéficié d’appuis dès lors qu’ils se sont retrouvés face à la justice. Ces situations constituent alors une des multiples facettes de la réalité de la période, constitutives des difficultés de ceux qui voulaient que seules les lumières du combat libérateur soient à la base de la France nouvelle dont ils rêvaient.