4-Un problème bien réel

Le décalage croissant entre une population de plus en plus désireuse de tourner la page et de ne pas trop s’interroger sur la période précédente et des organisations porteuses de la demande d’ “ épuration totale ” ne doit pas masquer la lenteur, les incertitudes et la partialité du processus de l’épuration. De ce fait, des dossiers graves continuent à mobiliser, au-delà des querelles partisanes. C’est le cas en Côte-d’Or du dossier de l’abbé VAXILLAIRE, accusé d’avoir dénoncé le maquis de Foncegrive 1 au printemps 1944. Attaqué par la gendarmerie française, ce maquis subit de lourdes pertes, un tué au combat, quatre fusillés, trois déportés morts dans les camps. La longueur de l’instruction, étendue jusqu’en 1947, le déplacement du procès, initialement prévu à Dijon pour février 1947 à la Cour de Justice de Lyon suscitent la constitution d’un véritable front uni en Côte-d’Or puisque le meeting de protestation du 21 février à Dijon est organisé par les partis de gauche, les mouvements, de l’OCM à Libé-Nord et des organisations d’anciens combattants comme Rhin-Danube. La lenteur des instructions successives, l’indulgence croissante des jugements suscitent chez beaucoup d’acteurs du combat libérateur un fort sentiment de frustration. Aujourd’hui encore, reste chez certains d’entre eux la conviction qu’une épuration plus rapide, plus brutale, plus ciblée sur les véritables décideurs aurait pesé positivement sur la suite des événements politiques.

Notes
1.

AD21 41M279.