I-UNE NAISSANCE AMBIGUË

1-Les bases réglementaires

C’est l’ordonnance du 21 avril 1944 1 , “ portant organisation des pouvoirs publics en France après la Libération ”, qui fonde l’existence des comités de libération. Elle affirme en son article 1 ‘“ la souveraineté du peuple français ”’ sur “ les futures institutions ”. Celle-ci se manifeste par l’élection d’une ‘“ assemblée nationale constituante, dès que les circonstances le permettront ”’. Avant cet acte fondateur, des solutions transitoires sont définies, qui concernent les conseils municipaux et généraux élus avant la guerre, mais surtout prévoient “ dès la Libération ” la prise de fonction de Comités départementaux de Libération (CDL) “ chargés d’assister le préfet ”. Ils seront ‘“ obligatoirement consultés sur tous les remplacements des membres de conseils municipaux et du conseil général ”.’ Le CDL ‘“ cesse ses fonctions après la mise en place des conseils municipaux et des conseils généraux, selon la procédure prévue aux articles ci-dessus ”. ’

Le cadre initial est donc, vu depuis Alger et les instances du CFLN, parfaitement délimité. La nature des fonctions, limitées à l’assistance du préfet nommé par le CFLN, comme la détermination de leur terme, fixé à “ la mise en place ” des conseils municipaux et généraux, font des CDL et a fortiori des CCL et CLL qui leur sont théoriquement soumis, des organes de transition. Ils sont soumis au préfet, émanation du pouvoir central, et chargés d’assurer, au nom de la légitimité conquise dans le combat clandestin, la vie départementale dans la période séparant la Libération de la mise ou remise en place d’institutions définitives. Or cette délimitation se heurte à la dynamique issue des réseaux, mouvements et maquis qui contient, certes confusément, une volonté de rupture radicale avec le passé. Elle est donc difficilement réductible à une seule fonction restauratrice. L'intérêt est alors de cerner comment se formula cette contradiction, comment elle opéra, pour aboutir un an plus tard à ce que Fred KUPFERMAN pouvait analyser comme la faillite politique de la Résistance 1 .

Notes
1.

AD71 W123563.

1.

Fred KUPFERMAN, Les premiers beaux jours, Calman-Lévy, 1984, p.124-127.