2-Quatre sous-préfets issus des structures résistantes

Trois sous-préfets sont nommés par le CDL dès la semaine qui précède la Libération, le quatrième, Henri VITRIER quelques jours plus tard.. A Chalon-sur-Saône, première ville du département, deuxième de Bourgogne par son poids démographique, c’est Claude ROCHAT-GUILLAUME, ingénieur chimisteadjoint du chef départemental de l’AS, membre de l’Etat-major FFI, qui reçoit la charge d’assurer, à 27 ans, la transition vers l’après-guerre. C’est à Henri VINCENT-VIC, instituteur,responsable MUR et AS de la rive gauche de la Saône, la Bresse, qu’échoît la sous-préfecture de Louhans, alors que c’est PERETTI-MALOT, professeur de mathématiques, adjoint au chef de secteur du Charolais de l’AS, commissaire aux effectifs, qui est en charge de celle de Charolles. Enfin, il semble que ne ce soit qu’après la difficile et dramatique libération de la ville, le 9 septembre, qu’Autun se voie affecter comme sous-préfet Henri VITRIER, responsable pour la Zone-Nord du département des FTPF, après accord du PCF dont il est membre. Rien n’exclut cependant que ce dernier soit intervenu préalablement en faveur de cette désignation.

Ainsi, les quatre sous-préfectures sont attribuées, non sans que ceux-ci hésitent beaucoup avant d’accepter, à des hommes n’ayant pas la moindre expérience de l’administration préfectorale, mais qui incarnent ce que fut le fait résistant, dans lequel ils puisent leur légitimité. Or, dix-huit mois après leur nomination, trois d’entre eux sont évincés de leur poste. Dès 1946, Henri VITRIER doit quitter Autun et l’administration ; en 1947, Henri VINCENT est doublement sanctionné, chassé de son poste et muté hors de sa Bresse, à laquelle il est lié viscéralement. Il est affecté à un obscur poste au tribunal administratif de Strasbourg, lui qui n’a jamais fait de droit et souhaitait, à tout le moins, retrouver son école primaire de Montcony. Quant à Claude ROCHAT, c’est le 28 mars 1947 qu’il se voit écarté de la Saône-Loire pour la sous-préfecture d’Albertville où son passage fut encore plus bref, avant une exclusion définitive de l’administration. L’analyse de la figure résistante qu’ils constituaient, de leur pratique comme sous-préfets de la Libération, permet d’esquisser une réponse à la question du sens de leur nomination, du rôle qui leur fut assigné, de celui qu’ils jouèrent. Enfin l’approche de la façon dont ils vécurent ces situations permet d’évaluer l’impact de ce qu’il faut bien qualifier de défaite politique.