Né le 16 février 1905 à Blanzy, dans le Bassin minier de Saône-et-Loire, Henri VINCENT devient instituteur, fonction qu’il assuma de 1926 à 1944, pour la reprendre quelques années avant sa retraite. Ses premiers contacts avec la Résistance, alors qu’il est instituteur dans le petit village de Montcony à une dizaine de kilomètres de Louhans, aux confins de la plaine de Bresse et des premiers contreforts du Jura, datent d’octobre 1941, justement avec la Résistance jurassienne. Ce premier engagement relève de la logique pour ce républicain de gauche, à l’esprit indépendant, à qui la défaite de 1940 est insupportable. Mais c’est en octobre 1942 qu’il effectue un acte public qui l’instaure comme figure majeure de l’esprit de Résistance porté par ‘“ le vent libre et parfumé des plaines de chez nous ”’ ‘ 1 ’. Dans la soirée du 23 octobre 1942, un bombardier Halifax britannique survole la Bresse, se dirigeant vers l’Italie, pour y lancer des tracts de propagande. A la verticale du village, il explose en vole et s’écrase dans un champ en bordure du village, l’épave brûlant jusqu’au lendemain matin. Alors que les autorités de Vichy -Montcony, village de Bresse du sud relève de la zone non occupée et vit donc pour quelques semaines encore sans présence des forces d’occupation- font tout pour ne pas ébruiter l’affaire et déplacent le date des obsèques du dimanche au lundi dans l’espoir d’en diminuer l’impact, l’instituteur VINCENT décide d’installer une chapelle ardente dans son école où sont déposés les cercueils contenant les dépouilles des hommes de l’équipage et de transformer les obsèques du 26 en manifestation patriotique et de soutien aux Alliés. C’est une foule de plusieurs milliers de personnes qui, malgré les ordres des autorités vient saluer ‘“ les dépouilles glorieuses des aviateurs anglais ”’ ‘ 2 ’ ‘.’ Dans cette foule, se glisse le commandant Albert CHAMBONNET-DIDIER, originaire de la région et chef régional de l’AS à Lyon, avant de tomber sous les balles allemandes le 27 juillet 1944, place Bellecour. De ce contact naissent les liens de collaboration et de confiance entre VINCENT et l’Etat-major lyonnais. L’événement, au sens où une nouvelle situation s’agence, où une réalité nouvelle se constitue, naît de la rencontre d’un esprit de résistance diffus et de l’initiative de l’instituteur. Comme l’indique la plaque commémorative citée ci-dessus, Henri VINCENT, par cet acte, fit “ de cette école le berceau de la Résistance du Louhannais ”. Dans la nuit qui suit les obsèques, les résistants de Cuiseaux, conduits par Bernard MOREY, responsable SAP, reçoivent sur le terrain CHIMENE le premier parachutage d’armes pour la Saône-et-Loire.
A partir de là, les choses s’enchaînent de façon “ logique ” 1 . Flanqué de son adjoint pour Louhans, Gaston FAISY, directeur de L’indépendant du Louhannais, VINCENT organise les forces. En juin 1943, il est nommé chef des MUR pour l’arrondissement de Louhans, membre du directoire départemental, fonctions qu’il cumule comme ce fut souvent le cas avec la direction du secteur de l’AS, au titre de commissaire aux effectifs. Du 10 juin 1944 à la Libération, il est chef des maquis du Louhannais, avec le grade de capitaine et, dès sa constitution, membre du CDL clandestin. Il sait, dans un secteur où toutes les fractions de la Résistance sont représentées, des maquis liées au SOE aux FTP, exercer une direction toute dirigée vers le sens de l’engagement patriotique et de l’efficacité opérationnelle.
René PACAUT, entretien 2 mars 1995. Journaliste, maquisard sous les ordres de VIC, René PACAUT, frère de l’historien médiéviste Marcel PACAUT, a écrit entre autre ouvrages Maquis dans la plaine, 5e éd., 1991, 376p.
Formulation de la plaque commémorative apposée sur l’école de Montcony.
Dans le sens où Georges CANGUILHEM disait “ CAVAILLES a été résistant par logique ”, cité par Alain BADIOU, in Résistants et Résistance, sd Jean-Yves BOURSIER, L’Harmattan,1997, 408p.