5-2-Des hommes nécessaires avant de devenir “ inutiles ” 2

C’est de deux personnages qui ont été au cœur des événements de l’après-guerre que nous vient le témoignage le plus constitué. Il s’agit de Louis ESCANDE, député-maire de Mâcon et de Rupert POLFIED. Les deux hommes, dont les parcours politiques divergèrent en 1944, POLFIED ralliant l’UDSR, et surtout en 1958 où le même, faisant passer ses convictions de “ gaulliste social ” avant son amitié pour François MITTERRAND, apporta son soutien à la naissance de la Ve République, estiment qu’au moment de leur éviction, VINCENT et ROCHAT “ n’étaient plus en situation ”, “ avaient fait leur temps ”, étaient devenus “ inutiles ”. Ces énoncés identifient clairement, que dans la “ situation ” du “ temps ” de 1944, il étaient “ utiles ”, sinon nécessaires, les deux témoins convenant sans vergogne qu’il s’agissait alors d’ “ utiliser ” leur légitimité acquise au maquis afin d’assurer le plus tranquillement possible la restauration de l’Etat ; celle-ci étant réalisée, leur utilité disparaissait et il était temps de restituer à la fonction préfectorale une image plus classique. Ces propos, tenus sans grande aménité pour les deux intéressés, convergent en partie avec l’état actuel de la réflexion de Claude ROCHAT. S’il convient volontiers avoir pris un certain plaisir à cette expérience, il reconnaît qu’au moment de son éviction, il n’avait plus “ sa place ” à un poste de “ larbins ultra galonnés ”, lui qui opérait “ aux limites de l’insubordination ”, et va plus loin en se demandant si c’était sa place, en 1944.

Notes
2.

Louis ESCANDE, entretien cité.