1-Antoine TISSIER, un cadre communiste interné, maquisard, dans la figure du traître

Parmi les militants communistes qui furent frappés après la Libération d’ostracisme, d’exclusion ou de mise à l’écart, une première catégorie est constituée de ceux que leur âge avait amenés à être partie prenante des épisodes confus et tragiques des répercussions de la signature du Pacte germano-soviétique, puis de la politique du PCF au cours de la période séparant l’effondrement de la France en juin 1940 et l’attaque de l’Union soviétique, un an plus tard. Si certains basculèrent alors dans la collaboration, à l’instar de GITTON, devenant alors sans conteste des traîtres à leur pays, occupé et asservi, la plupart, pourtant engagés sans ambiguïté dans le combat résistant, eurent à subir les conséquences de leur attitude en ces premières années du conflit. Se constitua alors la “ figure du traître ” 1 . L’infamie du mot sert ici à masquer la condamnation de comportements politiques dont le seul tort était de mettre le doigt sur des choix peu glorieux de l’appareil du PCF, entachant de ce fait l’image idéalisée, héroïsée et dramatisée du “ Parti des 75 000 fusillés ”. Dans le bassin minier de Saône-et-Loire, centre du communisme départemental puisque la fédération y est installée, loin de la préfecture Mâcon et de la principale ville Chalon-sur-Saône, une telle situation concerne particulièrement Antoine TISSIER, mineur, candidat à de nombreuses élections au cours des dernières années de la IIIe République.

Notes
1.

Voir à ce sujet l’analyse de Jean-Yves BOURSIER, La politique du PCF, 1939-1945, L’Harmattan, 1992, p.102-110.