2-3-Du Struthof à Dachau

Au Strüthof, il est rapidement intégré dans le comité international, structuré autour des déportés communistes allemands. Il côtoie alors des hommes qui ont marqué l’histoire de ce camp, le docteur CHRETIEN, son camarade LINET, aujourd’hui responsable national de la FNDIRP, Aimé SPITZ et Etienne BLANC, père d’André BLANC, agents des FTPF arrêtés à Dijon, et l’un des plus importants personnages de l’histoire tragique de ce lieu, le général DELESTRAINT dont il conserve le souvenir d’un homme d’une extrême droiture et dignité. Ce dernier refusa, le 19 avril 1945 à Dachau, lorsque, les autorités du camp l’ayant informé d’une prochaine libération et lui se doutant de l’issue de ce subterfuge (il demanda d’ailleurs à recevoir les derniers sacrements), de bénéficier d’un échange d’identité avec un déporté décédé que lui proposait le comité.

Trois moments, au-delà de la souffrance quotidienne, l’ont particulièrement marqué. Ce fut d’abord le massacre des résistants du réseau ALLIANCE, dernière exécution de masse au Struthof. L’événement heureux fut le fait d’apprendre, avant les gardiens eux-mêmes, l’annonce du débarquement de Normandie, grâce à un déporté soviétique ingénieur dans le civil et qui avait réussi à fabriquer un poste récepteur. Max NEVERS fut alors de ceux qui constituèrent la chaîne portant la bonne nouvelle à l’ancien chef de l’Armée secrète. Le dernier moment fort est lié à l’évacuation du camp et au projet qu’il caressa alors avec son camarade LINET d’attaquer leurs gardiens pendant la marche vers Dachau. Ils y renoncèrent, vu l’état de délabrement physique de la plupart de leurs camarades. Les transports successifs le menèrent alors à Dachau, Allach, à l’automne 1944, puis après retour à Dachau, ce fut le long parcours vers Auschwitz où le hasard lui fit retrouver le SS KRAMER, connu en Alsace 1 . Ramené pour un ultime transport à Dachau, il y est membre du comité de libération du camp présidé par la grande figure d’Edmond MICHELET avec lequel il noue, au-delà des convictions philosophiques et politiques, de solides liens. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier qu’il peut obtenir des médicaments pour LINET, touché par le typhus. Pour lui et ses compagnons le tragique épisode de la déportation se termine par la libération du camp le 29 avril devant l’avancée des troupes américaines.

Notes
1.

Affecté aux cuisines du camp, Max NEVERS y vit un jour arriver le sinistre KRAMER. Ce dernier l’ayant reconnu, il crut sa dernière heure arrivée. KRAMER se contenta alors de lui demander “ presque courtoisement ” une tasse de café. Max NEVERS ne peut se remémorer cette scène quelque peu surréaliste sans effroi.