2-2-Des incertitudes initiales au combat libérateur

Les souvenirs d’André PERNETTE, alors âgé de 6 à 8 ans, concernant la période 1939-1941 recoupent largement ce qui a pu être observé en d’autres lieux et circonstances. S’il a pu échapper, malgré l’importance de ses engagements, aux arrestations de septembre 1939 et ce grâce aux interventions de son patron, Henri PERNETTE a une activité plutôt limitée jusqu’à son départ à la Pentecôte 1941. Le travail quotidien se limite le plus souvent à la pose de papillons et à la collecte d’argent. Pendant l’été 1940, la proximité d’un camp provisoire de prisonniers français l’amène à tenter de les convaincre de s’évader, ce qui d’après son fils était relativement facile. Chose surprenante, les enfants du quartier entraient librement dans le camp, avec l’accord tacite de gardiens convaincus apparemment que la guerre était finie. A sa grande déception, Henri PERNETTE se heurta au refus d’hommes assurés qu’une libération en toute légalité les attendait à court terme. Détail révélateur de la modestie des actions menées : ce qu’il considérait comme son premier acte de résistance avait consisté au cours de l’été 1940 à indiquer une direction erronée à une colonne de chars allemands, alors qu’il partait, au petit matin, travailler chez un particulier, sa scie à la main. L’anecdote ne s’arrêta pas là puisque le soir, au retour, il retrouva cette colonne, en sens inverse. Son outil l’identifiant sans le moindre doute, il dut se cacher sous une porte cochère. Ces circonstances seraient sans grand intérêt si elles n’apportaient un éclairage cru sur le personnage comme sur la politique ou plutôt l’absence de politique du PCF à l’égard de l’occupant. Livré à lui-même, sans consignes particulières, Henri PERNETTE exprime à la mesure des circonstances sa haine de l’occupant et de la chose militaire, sous une forme qui sied à son esprit libertaire.

Les débuts de l’année 1941 voient l’attitude de la police allemande se durcir à Dijon, avant même la rupture du Pacte germano-soviétique. Des rafles sont effectuées dans le milieux communistes. Henri PERNETTE y échappe, en se réfugiant chez sa sœur qui lave du linge pour des officiers allemands. Si cette donnée impose une certaine prudence, elle constitue néanmoins une relative protection. Il rompt avec cette situation à la Pentecôte de 1941, gagne, via Montceau-les-Mines, la zone non occupée et son village de Collonge. Cette bifurcation dans son histoire militante est due selon son fils à sa seule initiative. Ses activités et contacts d’avant-guerre permettent de supposer qu’il s’agit là de l’application d’une consigne venue d’un des dispositifs communistes impliqués sur le territoire français.