2-3-Au cœur d’une région résistante

En regagnant son pays natal, Henri PERNETTE se plonge dans une région où, malgré des chutes successives, en 1941 et 1942, s’organise progressivement une résistance active. Les souvenirs de son fils sont peuplés de figures quasiment légendaires comme celle de Jean PIERSON 1 , dont le long fusil et le béret éveillent chez l’enfant des images déjà rencontrées chez Fenimore COOPER. “ Impressionnant ”, “ calme et tranquille ”, il joue un rôle majeur pour redonner confiance à des éléments dispersés et les rallier.

La maison familiale des PERNETTE devient, à l’instar de l’appartement dijonnais d’avant-guerre, un lieu de rencontre et de rendez-vous. De ses souvenirs et des discussions ultérieures avec son père, André PERNETTE extrait l’idée d’une séparation forte entre ce qui relevait de l’appareil du PCF et des dispositifs résistants. Pour le premier, Henri PERNETTE organise des collectes de fonds, centralisés chez Paul MOREAU, homme clef du communisme local et exclusivement destinés à l’appareil du Parti. Les hommes de résistance,privilégiant les visites nocturnes, au contraire des précédents, sont de plusieurs organisations. André PERNETTE affirme avoir vu des hommes de l’IS rencontrer des FTP au domicile paternel, confirmant si besoin était que la séparation entre FTP, gaullistes, dispositifs IS ou SOE n’était pas aussi absolue qu’il a été souvent dit.

Au printemps 1944, Henri PERNETTE se voit proposer la direction militaire des FTP de l’ancienne Zone Sud, le dispositif FTP ayant conservé la partition organisationnelle entre les deux zones. Son antimilitarisme profond, même s’il convient de la nécessité de la lutte armée, l’amène à refuser. Il ouvre de ce fait la porte à un homme de l’extérieur du département, venu de l’Ain voisin, ancien organisateur des maquis AS, le colonel Jean RITOUX-LE DON. C’est au nom des mêmes conceptions que PERNETTE refuse, à la Libération de contracter un engagement dans l’Armée B.

Au même moment, “ des gars de Montceau ”, selon son fils, viennent lui proposer le poste de secrétaire fédéral du PCF. Le fonctionnement du PCF, le mode de désignation aux postes de responsabilité excluent que “ des gars ” aient la moindre initiative dans la désignation d’un responsable départemental. C’est bien l’appareil central, informé par on ne sait qui, qui a choisi cet homme bien peu orthodoxe pour assurer la transition politique.

Notes
1.

Ouvrier, licencié de chez SCHNEIDER, devenu une sorte d’homme à tout faire dans son village de Genouilly, lecteur du Libertaire, Jean PIERSON fonde un des premiers groupes FTP de la région. Il est abattu lors d’un accrochage avec les Allemands en mars 1944, en tentant d’aller délivrer d’autres maquisards. Il incarne pour tous ceux qui l’ont connu une figure limpide de résistant. Son nom fut donné au grand maquis FTP de Collonge.