3-2- D’une “ drôle de guerre pas si drôle que ça ” à l’oflag

La mobilisation l’affecte au 86e RI, au sein de la 16e DI. Après un bref cantonnement, jusqu’en novembre 1939 près d’Obernai, son régiment est affecté au triangle Strasbourg- Lauterbourg- Bitche, “ tantôt aux avant-postes du Rhin et de la Lauter à plusieurs kilomètres devant la ligne Maginot, tantôt au repos dans les villages, évacués ou non ” 1 . Il y découvre les absurdités de la “ drôle ” de guerre, mais aussi le fait qu’il est, du fait de ses engagements politiques, sous surveillance. La police des Deux-Sèvres ayant retrouvé chez une militante communiste une carte postale envoyée par BOUTAVANT à cette ancienne participante à un camp de vacances “ Romain ROLLAND ”, organisé à Mont-Saint-Vincent, en août 1939 et portant l’apostrophe “ on les aura ! ”, la sécurité militaire avait été immédiatement mise sur la piste d’un complot communiste. Deux officiers de la Justice militaire se présentent alors à son commandant de bataillon, homme “ aux origines sociales modestes ” et aux “ sentiments républicains, laïques et antifascistes ” qui l’a accepté dans son unité en toute connaissance de cause. Le hasard faisant que ce jour là le lieutenant BOUTAVENT était aux avant-postes avec sa section, le commandant BERGER, devant l’insistance des deux hommes, leur proposa une escorte légère pour atteindre l’officier et pouvoir l’interroger. Bien entendu l’affaire en resta là. Le hasard lui fit rencontrer, au cours de ces longs mois le futur évêque d’Autun, Mgr LEBRUN et Raymond SAMUEL, futur dirigeant de Libération-Sud à Lyon, sous le pseudonyme d’AUBRAC.

La percée allemande dans les Ardennes, les tentatives pour constituer un front sur la Somme amènent sa division à quitter la ligne Maginot lors des derniers jours de mai 1940 et, après un long voyage en train le voyant passer par le Creusot, venir prendre position à Estrées-sur-Noye. Après une âpre bataille, où il doit affronter des unités blindés avec des armes légères et quelques canons de 37 et 75 mm, le régiment est fait prisonnier. C’est alors pour lui et ses compagnons, le départ pour l’Allemagne, via la Belgique. Sa destination est l’Oflag IV-D, à quelques soixante km au NE de Dresde, dont il ne sortit que quatre ans et huit mois plus tard.

Notes
1.

Rémy BOUTAVENT, op. cit. p. 129.