Le parcours du jeune résistant qu’est Louis WALCZAK l’amène à rencontrer des situations qui nouent l’essentiel des questions soulevées par la réalité maquisarde.
Jusqu’en octobre 1943, il est sédentaire. Il participe à des actions de sabotage ferroviaire comme celui de Galuzot le 28 juin 1943, tout près de Montceau-les-Mines et celui de Saint-Didier-sur-Arroux, en octobre. Lors de cette action, qui provoque la mort de 90 Allemands, il est sous les ordres de GASTON, juif polonais venu de Paris pour combler les vides terribles provoqués par les arrestations de 1942-1943 dans le dispositif communiste du Bassin minier. C’est d’ailleurs cet épisode qui provoque son départ et sa plongée dans la clandestinité. Ce détail confirme ce qu’aujourd’hui il affirme qu’il ignorait alors : son appartenance au dispositif des FTP-MOI et non à celui des FTPF locaux, même si les deux structures se superposent en partie. GASTON, reconnu dans la rue par un dénommé BRELOT dont il avait volé la bicyclette est ceinturé par ce dernier, livré à la police et arrêté. Au cours d’une opération de reconstitution de l’attaque du train, il tente de s’enfuir et est alors abattu. Louis reçoit l’ordre de rejoindre un paysan polonais, à Châtel-Moron, village situé sur les lignes de crêtes qui séparent le Bassin minier du Val de Saône. C’est pour le jeune résistant la plongée dans la clandestinité.
Commence alors pour lui une année de vie maquisarde qui, au fil des liaisons et des mutations, le voit parcourir une grande partie de ce vaste département qu’est la Saône-et-Loire. A son premier point de chute, Châtel-Moron, il côtoie un groupe de 10 prisonniers soviétiques évadés auxquels il obtient des cartes de ravitaillement grâce au secrétaire de mairie. Il est ensuite envoyé à Saint-Loup-de-La-Salle, en plein Val de Saône, entre Beaune, Verdun-sur-le-Doubs et Chalon-sur-Saône. Il témoigne 1 de la présence d’un autre groupe de Soviétiques, à la ferme de la famille JULLIOT, commandés par le capitaine VASIL, “ un gars comme ça ”, dont une partie fit scission pour aller en Côte-d’Or fonder un groupe relié à Paris, dont la présence est attestée par plusieurs témoins. Ces circonstances confirment la présence importante dans la région d’éléments de la MOI. Au printemps 1944, il est muté à Saint-Bonnet-de-Joux, en pays charolais, où un mineur communiste de Saint-Vallier, Louis BOUSSIN-CHARLOT, chassé lui aussi de la ville par la répression, a fondé un maquis, embryon de ce qui deviendra le grand maquis FTP VALMY. Enfin, au moment du débarquement, il est envoyé à Uchon, avec son frère André et son beau-frère Marceau THOMAS-JOJO, militant du PCF, menuisier ayant fourni les première armes au maquis en restaurant les crosses des fusils brisés lors de la débâcle de 1940 et récupérés par ceux qui instinctivement percevaient qu’un jour viendrait le temps de la revanche. Sur ces crêtes granitiques que constitue le massif d’Uchon, dominant le bassin d’Autun et le bassin du Creusot, il s’agit de préparer la logistique permettant d’accueillir les mineurs de Montceau-les-Mines, qui après d’ultimes actes de résistance sur les puits doivent être envoyés au maquis. Lorsque la logistique est prête, “ l’état-major arrive ”.
Ces pérégrinations l’amènent à être en contact avec différents dispositifs résistants. S’il découvrit après la guerre qu’il relevait de la MOI et non des FTPF, tout en ayant appartenu à des groupes de ceux-ci comme celui du lieutenant Antoine BAR-BARBU, il se souvient avoir été en présence, hormis bien entendu son supérieur polonais BARGIEL, de cadres communistes comme le colonel VASLANTKEWITZ-WUJA haut responsable de la MOI, qui avait succédé à GASTON, retrouvé en Pologne après 1948 ou le russe VASIL, HUGO, polonais venu du nord de la France, Sandor VAS, communiste autrichien, libéré du camp hôpital de La Guiche par le maquis. Le passage de tels personnages dans les unités polonaises des maquis FTP du département confirme que ceux-ci ne sont pas seulement la forme organisée de l’ultime étape du combat résistant, mais aussi un élément d’une vaste organisation internationale, dont la MOI est l’armature et le champ d’action l’Europe entière.
D’octobre 1943 jusqu’à la libération d’Autun, il participe à plusieurs actions d’éclat. En 1943, il participe à l’attaque du centre de recensement du STO de Sanvignes, afin de détruire les fichiers. Le 24 mars 1944, aux côtés de maquisards de Genouilly commandés par Jean PIERSON et d’un groupe de FTP montcellien dirigé par le commandant CHARLOT, il contribue à la libération de 27 détenus du camp hôpital de la Guiche, ancien sanatorium où l’Etat de Vichy avait regroupé des détenus politiques, souvent anciens d’Espagne, atteints d’affections respiratoires et menacés à tout moment d’être livrés à l’occupant. Cette action, parfaitement organisée, bénéficiant de complicités internes, fut un succès total puisque elle fut effectuée sans faire couler le sang. Elle permit la libération de cadres importants, dont un ancien député autrichien, et la récupération d’un arsenal bienvenu. Enfin, il participe à la bataille d’Uchon, attaque du maquis par les Allemands, et à celle de la libération d’Autun.
Il porte sur ces situations un regard intransigeant, tranchant brutalement entre ceux à qui il voue amitié et respect et ceux qu’il rejette comme des bandits, des opportunistes ou des “ résistants d’opérette ”. Parmi les premiers figure celui qui fut son voisin après la guerre, le lieutenant FTP Antoine BAR-BARBU, combattant courageux et efficace, chef impitoyable faisant exécuter ceux de ses hommes qui avaient utilisé son nom pour couvrir des vols masqués en réquisitions du maquis et le commandant FTP Louis BOUSSIN-CHARLOT, chef respecté du régiment VALMY. Ils ont en commun d’être des hommes de la mine, de ce peuple du bassin minier encore fortement lié au monde rural, authentiques résistants et n’ayant en rien bénéficié, après la Libération, des titres conquis au combat. Par contre, il porte un regard particulièrement sévère sur ceux qui se sont attribués, abusivement selon lui, un rôle militaire important, contribuant à la construction d’une histoire officielle transmise sans la moindre vérification critique. Il en est ainsi de BARGIEL, devenu cadre du régime polonais après la guerre, dont les écrits sont devenus la source principale de l’histoire des Polonais résistants, dont Louis WALCZAK reprend méthodiquement toutes les affirmations pour en contester la plupart. Il exerce la même intransigeance à l’égard d’authentiques maquisards mais qui eurent maille à partir avec la justice après la guerre comme J.P KABACINSKY et Théodore PLONKA. Sans le moindre accommodement, refusant de relativiser quoi que ce soit, il les condamne pour avoir entaché l’image qu’il se fait de la Résistance.
Ceci est confirmé par Gaston REBILLARD qui, bien que relevant d’un tout autre dispositif, est soigné après un accrochage avec les Allemands à la ferme JULLIOT par le médecin du village.