5-Un accueil sans enthousiasme

Leur retour, en 1958, se fait dans un climat pesant. Il est doublement “ marqué à l’encre rouge ”, pour la mine, où la nationalisation n’a en rien supprimé la lutte contre les fortes têtes et pour le PCF où ce retour est jugé “ douteux ” et dont il considère lui-même que son alignement sur la politique de KROUCHTCHEV est une trahison des idéaux initiaux. On retrouve ici un aspect politique dont il faut dépasser la formulation initiale pour en identifier le sens profond. La contradiction entre la référence positive au “ petit père des peuples ” et la condamnation de la collectivisation forcée a déjà été identifiée ; il en est de même sur l’ensemble des questions politiques. Ce qui ressort de l’entretien ainsi que la fidélité de son attachement pour des gens marginalisés comme son vieux copain et chef de maquis Antoine BAR-LE BARBU, Antoine TISSIER ou Louis BOUSSIN-CHARLOT le situent aux antipodes des conceptions politiques staliniennes. En réalité, l’énoncé “ je suis et resterai stalinien ”, lancé brutalement, est pour lui une façon de se situer en extériorité avec tout ce qui s’est passé en France comme dans l’ensemble du mouvement communiste depuis 1956 et dont il estime que ce fut un éloignement de l’idéal auquel il se réfère avec vigueur. Le double ostracisme dont il est l’objet l’amène à ne pas reprendre d’activité militante, ce qui ne l’empêche en rien de suivre avec attention et acuité l’actualité politique, et à trouver du travail chez un ancien FTP qui possède une petite entreprise de maçonnerie et de terrassement. S’il n’a plus d’appartenance organisationnelle, il reste en contact avec ceux qu’il a côtoyé au maquis, mineurs comme BAR ou paysans comme Charles TUSSEAU ou J.M.BAUDRAS, celui qui disait des poèmes de Victor HUGO en travaillant la vigne de son patron.