II-EN AFRIQUE, NECESSITES ET CONTRAINTE D’UN PREMIER AMALGAME

1-Un héritage complexe et difficile à gérer

Dans un contexte dominé jusqu’en avril 1944 par la rivalité de GAULLE-GIRAUD et par les combats de Tunisie, de Corse, de l’île d’Elbe et d’Italie, sont réalisés la fusion et le brassage de forces disparates, opération constituant une sorte de “ premier amalgame ” 1 .

Il s’agit de fusionner dans des unités combattantes uniques des éléments de l’armée d’Afrique, des FFL, des évadés, des engagés. L’attitude de la première lors du débarquement de novembre 1942, les souvenirs encore douloureux des combats de Syrie rendent bien délicats ses rapports avec les trois autres groupes. Si les évadés et les engagés, moins nombreux et d’influence plus modeste, pèsent moins, il reste néanmoins que beaucoup de réticences subsistent à l’égard de l’ancienne armée d’armistice. A leur égard, cette armée régulière et les FFL se livrent d’ailleurs à un véritable racolage pour attirer les évadés dans leurs rangs. Dans sa communication au colloque de 1987 2 , le bâtonnier BONDOUX a témoigné de la douloureuse surprise de ces hommes, ancien cadres d’active ou jeunes gens décidés à se battre, qui avaient tous connus la filière espagnole et ses longs mois de prisons, de voir les officiers généraux des deux forces faire assaut de propositions flatteuses pour les attirer à eux, à grands coups de promesses de dotations en matériels que la partie rivale ne saurait bien évidemment leur fournir. Il témoigne avoir vécu, à l’instar de ses camarades, cette situation comme “ un drame ” et un déchirement. Enfin une partie de l’armée d’Afrique et la quasi totalité des évadés et a fortiori des mobilisés avaient une formation militaire nulle ou très limitée.

Notes
1.

Colonel Reynaud, op. cit. p.6.

2.

Bâtonnier BONDOUX, colloque L’amalgame, p 16-17.