2-Le traitement des cadres d’active en congé d’armistice

Ceux-ci ont manifesté, souvent tardivement, leur souhait de rallier la Résistance, ou bien fait l’objet de sollicitations pour le faire. En septembre 1944, après la Libération de la Nièvre, le commandant EGELEY, commandant le centre de libération de Nevers 1 fait le point de ces situations pour ce département. Il appert que 29 officiers dont un colonel et deux commandants ont fait des offres de service entre le 15 août et le 3 septembre et se sont vus opposer un refus, pour l’aspect bien tardif de cette offre auquel s’ajoute, pour un des deux commandants, l’observation qu’il “ a été contre la Résistance ”. Le rapport précise en complément que parmi les officiers en congé sollicités après le débarquement, onze dont deux colonels se sont dérobés.

Ceux qui furent acceptés se trouvèrent généralement en opposition forte avec les anciens maquisards qui leur reprochaient d’être des “ naphtalinés ” venus cueillir les lauriers d’une victoire qui ne leur devait rien. Leur apport fut parfois officiellement considéré de façon peu favorable. Un rapport d’inspection du colonel GENIN à l’école de cadres du 1er degré de Sainte-Ménehould constate que ‘“ les cadres qui n’ont participé à aucune opération depuis la campagne de 1940 n’ont aucune expérience de la guerre moderne, ils préparent leurs élèves à la campagne de 1939 ”’. Cette situation ne semble pas avoir été améliorée par le recours à des cadres “ en retraite ” 1 . Cette étude signale “ plusieurs rappels d’officiers en retraite ” pour exercer des fonctions comme commandant de place comme à Auxonne ou dans bureaux de place. Dans un rapport du commandant MANGIN, daté du 17 novembre 1944 2 , rédigé à la suite d’une mission d’inspection pour le Ministère de la Guerre auprès de la 8e RM, il est noté à propos de la subdivision de l’Yonne que l’application de la limite d’âge ‘“ débarrasserait les cadres d’éléments âgés, d’active ou de réserve, qui n’ont repris du service que pour des raisons matérielles de solde et de ravitaillement ”’.Alors que l’armée se prive délibérément d’éléments issus des maquis, le rappel de cadres âgés n’a manifestement pas répondu aux besoins qui l’avaient officiellement légitimé.

Notes
1.

AD58 W62.

1.

SHAT 9P49/2, Histoire de la subdivision de Dijon, 11 septembre 1944-31 décembre 1947.

2.

SHAT 6P2.