2-Le brassage des unités issues des maquis de Bourgogne

Il serait fastidieux d’énumérer l’ensemble des modifications structurelles qui ont affecté les différentes unités FFI de Bourgogne constituées à la Libération. L’ensemble est recensé dans la publication du Service historique de l’Etat-Major de l’Armée de Terre intitulée “ Grandes Unités ” volume FFI 1939-1945. Quelques exemples suffiront à en montrer à la fois l’ampleur et le fait qu’elles aboutissent effectivement aux objectifs de la décision ministérielle du 9 février 1945, en particulier à la constitution des 27e et 35e régiments d’infanterie, appellations gommant toute référence à l’origine de leurs combattants.

Dans l’Yonne, le groupe Bayard de Joigny, affilié à Libération-Nord et au SOE-BUCKMASTER constitue le 31 août 1944 la 4e demi-brigade des Volontaires de l’Yonne avec des éléments issus du maquis Bourgogne de même obédience, venu du Châtillonnais. Elle devient le 20 octobre le 1er régiment des Volontaires de l’Yonne, enrichi d’autres groupes. Intégré au groupement MOLLE, celui-ci participe à la bataille d’Alsace. Le 23 janvier 1945, il est complété par le 1er bataillon du Charolais, ce qui rend caduque sa référence géographique, les deux localisations se situant aux marges de la Bourgogne, septentrionale pour le Jovinien et méridionale pour le Charolais. Enfin, en mars 1945, il constitue avec le 2e régiment du Morvan le 35e RI. Pour sa part, le 1er régiment du Morvan, constitué de volontaires de la Nièvre et de l’Yonne, sous le commandement du colonel CHEVRIER, se voit privé dès le 17 octobre 1944 de son 4e bataillon, lui même issu depuis le 4 octobre du bataillon d’Auxerre commandé par René MILLEREAU-MAX. Il est affecté au bataillon de marche n°11 de la 1ère brigade de la 1ère DMI. Les trois autres dont celui constitué des FTP de Roland CHAMPENIER deviennent le 27eRI en mars 1945.

Même une unité comme le 2e BCP qui devait être fortement identifié à un coin de France, la Bresse, n’échappe pas totalement au phénomène. Non seulement il se voit imposer, on a vu avec quelles réticences, des gens dont il suffit qu’ils aient dû traverser la Saône pour paraître étranges aux yeux de certains de ses combattants, non seulement son affectation change à cinq reprises 1 , mais il est privé en mars 1945 d’un de ses groupes, celui commandé par LANGLOIS, alors qu’il a été renforcé en janvier par deux sections de FFI de Savoie et une de FFI parisiens.

Ainsi le projet, explicitement formulé dans les décisions ministérielles d’effacer le phénomène FFI dans le cadre de l’amalgame est réalisé pour l’essentiel en mars 1945. Reste, tout du moins en ce qui concerne les FFI de Bourgogne, une exception remarquable, le 4e bataillon de choc, appellation attribuée en janvier 1945, issu directement des maquis de la région de Cluny. Celui dont il est habituel de dire qu’il était “ l’enfant chéri ” du général de LATTRE a globalement conservé son identité initiale.

Notes
1.

René PACAUD, op. cit.