3-Des combattants longtemps limités à l’armement du maquis

L’essentiel de l’armement est effectivement constitué des armes parachutées au cours de l’été 1944. Prédominent les armes anglaises, la (trop) fameuse Sten, efficace en combat rapproché mais à la détente si fragile, fusils et surtout FM Bren, particulièrement efficaces, dont les maquisards de Saône-et-Loire ont fait grand usage pour la bataille du Bois clair. Quelques mitrailleuses, quelques lance-roquettes antichars (PIAT ou bazookas) tiennent lieu d’armes lourdes, bien insuffisantes lorsqu’il faut affronter les chars, ou, en position offensive, déloger un ennemi bien protégé. S’ajoutent à cet équipement des armes récupérées sur l’adversaire. Mais tout cela, par son hétérogénéité comme par la limite des calibres est fort insuffisant.

Dans le rapport déjà cité, le colonel ADELINE signale que pour un guerre de siège, les FFO ne disposent que de 38 canons de modèles divers, face aux 700 pièces dont disposent les Allemands.

Ceci n’apparaît d’ailleurs que comme un aspect particulièrement accentué d’un problème récurrent des forces françaises devant souvent, par la voix de leurs chefs, de LATTRE ou LECLERC, récriminer auprès des alliés ou du ministère de la guerre pour obtenir des dotations en armement ou moyens logistiques. Ainsi, le 7 janvier 1945, le général LECLERC proteste auprès du ministre de la guerre contre le fait que sa division n’est pas dotée des derniers modèles de chars Sherman M4 et de TD.

Il s’agit bien du “ temps de la grande misère ”, pour reprendre la forte expression du général de LATTRE, formulée au cours de sa conférence à Montbéliard le 18 novembre 1945, consacrée à ‘“ La libération de la région de Montbéliard et d’Héricourt, le forcement de la trouée de Belfort ”’. L’hommage qu’il y rend, réponse définitive à tous ceux qui les avaient dénigrés, à ces FFI qui, “ mal habillés, mal armés, peu encadrés ”, “ se battent farouchement ” intègre cette dimension de guerre de miséreux. C’était la place dans laquelle ils devaient être confinés. En renversant l’ordre des choses, à l’image du vers de Montéhus “ C’est la canaille, et bien j’en suis ”, ils ont fait de cette misère la gloire d’avoir tant fait avec si peu. Au moins sur ce plan, la filiation avec les soldats de l’An II n’a rien d’abusif.