2-Positions défensives et initiatives offensives

Jusqu’à début janvier 1945, le Commando de Cluny fut engagé dans des opérations où il dut faire l’apprentissage du contrôle de positions défensives comme à Belfort et à Thann ou au contraire se livrer à de larges mouvements de conquête de positions ennemies comme lors de la progression en direction de Rammersmatt. Ces deux formes de combats sont fort éloignées de la guérilla rurale dont les hommes avaient accumulé l’expérience, au temps du maquis.

Bien avant d’être en position statique et défensive face au Vieux-Thann, une partie du Commando a fait la difficile expérience d’une guerre qui par bien des aspects ressemble à celle que menèrent leurs pères, lors du premier conflit mondial. Le 3 décembre, le Commando est engagé sur les pentes de la cote 475, au-dessus de Bourbach-le-Bas repris aux Allemands, en relève d’une unité du régiment FFI Corrèze-Limousin. La pente Nord de la colline est occupée par des éléments appartenant à un régiment SS. Face à des troupes allemands dotées d’artillerie à tir courbe, les hommes de BAZOT ne disposent que de leurs armes du maquis, le FM constituant la plus puissante. En effet, l’appui feu des TD censés les soutenir s’avère inutile, avec des tirs trop courts. “ L’attaque tourne court ” 1 , les hommes regagnent leurs “ trous de départ ”, et pendant 24 heures sous une pluie glaciale, aux limites de la neige, veillent dans des trous gorgés d’eau. La relève du petit matin par la 2e Compagnie est “ morne ”, en forme de “ procession d’ombres ” 2 . La compagnie a perdu 7 hommes dont trois sergents. Pendant toute l’opération, la 4e Compagnie a “ pratiquement assisté, le cœur serré ” 3 au déroulement du combat. Elle est en position défensive sur les pentes de la cote 412, elle aussi sous la menace des mortiers allemands. Dans les deux situations, l’absence d’équipement en armes à tir courbe, les mortiers, apparaît comme dramatiquement handicapante.

Le contre-exemple positif de cette observation est fourni par une circonstance où le commando, en position offensive, en liaison directe avec un appui d’artillerie efficace a pu montrer ses capacités tactiques. Il s’agit de l’épisode de la conquête du Kurrenbourg et de la prise de Rammersmatt, du 7 au 10 décembre.

Intégré au sous-groupement MONDAIN, du nom de son commandant, le Commando est alors associé à deux pelotons du 3e RSM et à un peloton de TD du 8e RCA. “ En raison de la nature du terrain et des objectifs ”, le Commando se voit “ confier une part importante de l’effort principal ” 4 . Un officier artilleur est détaché auprès de l’EM du Commando, les liaisons radios fonctionnent convenablement, les appuis d’artillerie se révèlent puissants, profonds, efficaces. Le succès est à la clef, avec en proportion des pertes moins lourdes, même si parmi les blessés de l’affaire figure un nom connu, le sergent GALLIENI, petit-fils du maréchal, de la section PAFFOY. Cet épisode a manifestement inscrit le Commando dans la lignée des unités combattantes. Un preuve anecdotique en est fournie par la rencontre inopinée de deux anciens de l’Ecole de Cavalerie de Saumur, Victor LOIZILLON et le lieutenant Hyacinthe de QUATREBARBES. Si le premier, après la dissolution de l’armée d’armistice a rejoint la Résistance intérieure, au sein des maquis de Cluny, le second, évadé par l’Espagne, a intégré l’armée d’Italie dans le régiment de Spahis associé au Commando dans l’affaire du Kurrenbourg. Après les effusions d’usage, une question du cavalier alla droit au cœur de son camarade d’école : ‘“ Qu’avez-vous donc fait à MONDAIN, il ne jure que par le Commando de Cluny ? ”’ ‘ 1 ’. S’il en était besoin, les hommes du Commando avaient gagné l’estime, sur le terrain, de ceux qui pourchassaient l’ennemi depuis la Tunisie. Sans formation autre que l’expérience du maquis, pour peu que les liaisons radios fonctionnent et que les appuis feu nécessaires à toute infanterie soient assurés, les anciens des maquis avaient apporté la plus superbe des réponses à ceux qui à coup de rapports affichaient leur mépris pour ce qui n’était à leurs yeux qu’une piétaille suspecte et inefficace.

Notes
1.

Emile ROSSIGNOL, op. cit. p.28.

2.

Paul HUOT, op. cit. p. 132.

3.

Victor LOIZILLON, op. cit. p. 159.

4.

Idem, p. 169.

1.

Victor LOIZILLON, op. cit. p. 185.