Le Commando avait déjà, quelques trois semaines plus tôt, fait la preuve de ses capacités. Dans la bataille pour faire sauter le verrou de Belfort, une des lignes d’arrêt était constituée par la RN 19 Belfort-Lure-Vesoul et le canal de la Haute-Saône, alimenté par le bassin réservoir de Champagney construit sur la vallée de la Lizaine 2 . Pour son secteur, le commando avait en charge le contrôle du canal et la préservation de ses ponts afin d’empêcher qu’il devienne une coupure infranchissable aux véhicules et surtout la prise du barrage de Champagney sans que les Allemands puissent le faire sauter. La configuration du terrain, fortement vallonné et boisé excluait tout soutien blindé. Face à des troupes allemandes disposant de mortiers et de mitrailleuses lourdes, le Commando, en particulier la 4e Compagnie du capitaine LAMIRAL, chargée de la prise de contrôle du barrage, avait parfaitement exécuté cette tâche décisive, au sein du groupement MOLLE. Les pertes étaient cependant lourdes et les deux jours de combat avaient mis en avant les difficultés dues à l’absence de liaisons radios internes au Commando, réduit à faire passer des messages écrits (annexe n°39). Quatre heures séparaient parfois l’action d’une compagnie et l’arrivée de l’information au PC. Certes la contrepartie positive, mise en avant par la plupart des acteurs, était la grande liberté d’initiative des différentes compagnies, mais celle-ci devenait un handicap dans des opérations exigeant une coordination permanente. Après cette phase dynamique, le Commando entre dans Belfort et relève une unité de l’armée régulière pour l’occupation de trois forts de la ville conquis de haute lutte par les Commandos d’Afrique.
Il est donc manifeste que le Commando de Cluny n’a en rien été privilégié, encore moins protégé dans les engagements qui furent les siens. Il a été confronté aux mêmes difficultés que ses équivalents, tout particulièrement les insuffisances ou difficultés de coordination avec les autres unités combattantes. L’ampleur des pertes qu’il a alors subies en en est la tragique confirmation. L’éventuelle perspective de devenir commando de choc pouvait alors devenir réalité, l’ “ ultérieur ” de BAZOT devenait le présent.
Paul HUOT cite les données techniques du bassin : capacité 13 millions de m3, digue :785 m de long, 38 de haut, ainsi qu’une estimation des effets générés par une rupture du barrage, établie par Marcel BOURDEU, ingénieur des TPE, service de la navigation : “ Frahier aurait été recouvert par 17 m d’eau, Héricourt par 7m et même Montbéliard par 4m ”, l’inondation créant une coupure durable ; HUOT, op. cit. p.203.