III-COMMANDO DE CHOC, AVEC UNE MARRAINE DE PRESTIGE

1- Une forme particulière d’amalgame

Le 6 janvier 1945, le Commando est relevé de ses positions défensives de Thann par un bataillon de Tirailleurs marocains. ‘“ Celui-ci reprit exactement nos positions, adopta nos plans de feu, conserva nos lignes de défense, comme cela se passe entre gens du même pied ”’ : c’est ainsi que Victor LOIZILLON 1 analyse la position acquise par le Commando au cours de l’épisode de décembre. La veille de ce jour, anticipant cette vérification sur le terrain de sa conformité à une unité régulière, était émise par l’EM de l’Armée une note faisant du Commando de Cluny le 4e Bataillon de Choc, appellation prestigieuse attribuée à un Commando de Cluny qui avait perdu le quart de son effectif. Une mesure identique concernait l’ancien bataillon constitué entre autres d’élèves issus du lycée Jeanson de Sailly, devenant alors le 2e Bataillon de Choc. Les deux unités constituaient une demi-brigade ou groupement de choc commandée par un proche du commandant en chef, le chef de bataillon QUINCHE. Résultat des circonstances ou manifestation d’un projet délibéré, l’association d’un commando fortement enraciné dans un terroir rural et d’un bataillon parisien issu du 16e arrondissement portait une forte charge symbolique. Elle constituait de plus une forme inusitée jusque là d’amalgame. Les autres unité FFI avaient été le plus souvent absorbées par des régiments dont elles avaient reconstitué ou remplacé les effectifs de troupe, avec maintien de l’encadrement initial. Les deux nouveaux bataillons de choc gardaient l’intégralité de leur encadrement issu du maquis. A ce propos, Victor LOIZILLON note avec malice que BAZOT avait 1 ‘“ l’allure, l’état d’esprit et les qualités d’un chef d’une troupe de choc, à la fois condottiere et joueur de poker ”’, ce qui nous éloigne peu du personnage rencontré dans l’étude de l’affaire DOUSSOT. Les deux nouveaux bataillons constituaient désormais un des trois groupements de choc de la 1ère Armée, à égalité avec des unités prestigieuses comme les Commandos de France ou les Commandos d’Afrique, véritable promotion à laquelle personne ne fut insensible. Tous étaient mis en position de réserve d’Armée donc à la libre et directe disposition du général de LATTRE. Cette structure se révéla en fait totalement formelle ; chacune des six unités fut engagée selon des modes et en des lieux différents, à la seule exception notable du regroupement de Rouffach (voir supra chap3). Aucun autre changement ne se manifesta en-dehors de cette nouvelle appellation, en particulier aucune dotation nouvelle en matériel. Le 4e Choc restait toujours autant sous équipé en armement lourd et dépendait toujours autant du ravitaillement assuré par une rotation de camions venus de Saône-et-Loire. Le rétablissement progressif du réseau routier permettait d’ailleurs une recrudescence de ces transports. Dans une lettre à sa famille, Léon LARIVEE, fait état de l’arrivée d’un camion chargé de demi-muids et de Madame ROCHAT mère arrivant depuis Chalon “ pratiquement à califourchon sur les tonneaux ”. Outre la responsabilité de cette précieuse livraison, elle venait constater sur place la réalité des amours naissantes entre sa fille PLUMETTE et le jeune capitaine LOIZILLON 2 .

Restait alors à ce que chacun appellera désormais par raccourci le 4e Choc de se doter de modes d’identification associant sa nouvelle désignation à son origine.

Notes
1.

Op. cit. p. 204.

1.

Victor LOIZILLON, op. cit. p. 224.

2.

Idem p. 212.