3-Fin de guerre et séjour sur les rives du Lac de Constance

Restait à participer à la dernière phase de la guerre. Ce fut pour la 1ère Armée le difficile passage du Rhin et la chevauchée en Allemagne vers le Danube jusqu’à la capitulation du 8 mai. En avril, le Commando a vécu une forme de guerre totalement nouvelle pour lui. Il est chargé, depuis Buchau, petite localité de la rive droite du Danube où son PC est installé, d’assurer la sécurité de la zone pour le CC1 de la 1ère DB. Il se retrouve alors dans la situation de contrôler, en zone occupée, un espace dont la sécurité est menacée par d’éventuels “ partisans ”, au sein d’une population partagée à son égard.

La capitulation allemande ouvre une ultime séquence dans l’histoire du 4e Choc. Il est désigné comme troupe de garnison au siège de l’Armée et à ce titre astreint à un service de place très lourd. L’organisation mise en place tout au cours du périple effectué depuis Mâcon lui permet alors de se distinguer dans cette nouvelle fonction. MEME BROYER organise ‘“ une section de barmans et une compagnie de maîtres d’hôtel ”’ ‘ 1 ’, dûment stylés et équipés, destinées à assurer le service des réceptions du QG sur le navire rebaptisé “ Rhin et Danube ”. LAMIRAL met en place, avec recrutement de couturières locales, un atelier de fabrique de bérets de choc pendant que PROST, s’étant assuré d’un important stock de peau de porc blanche, fait fabriquer pour les parades tout un équipement (ceinturons, baudriers, étuis de pistolet, guêtres…). Transformé en troupe de parade, le bataillon ou l’une ou l’autre de ses compagnies effectue alors une véritable tournée de cérémonies jalonnant son parcours, de la Saône-et-Loire au Lac de Constance, avec participation aux défilés parisiens du 18 juin et passage sous l’Arc de Triomphe, pour la première fois depuis 1918, à celui du 14 juillet, et enfin encore beaucoup plus émouvante, à l’anniversaire de la bataille du Blois-Clair, le 11 août.

La dernière distinction de caractère structurel est la décision, prise au début de juin 1945 par le général de LATTRE, de demander au Commando de lui fournir une compagnie de garde et d’honneur, les hommes choisis étant rayés du tableau d’effectifs du Commando. La protestation de BAZOT, mécontent de se voir priver de sa 2e Compagnie, suscite alors les foudres d’un commandant d’armée peu habitué de se voir ainsi contesté par un commandant. Il apostrophe alors ainsi le chef du 4e Choc 2  : ‘“ Demain, Laurent, tu m’entends, Laurent, tu me présenteras une vraie compagnie. Tu m’enverras tes ouvriers, tes mineurs, tes paysans. S’il le faut, j’irai choisir moi-même un à un les hommes de ton bataillon ! ”.’

L’ultime grande fête au QG de Lindau est constituée par la célébration du départ du général DEVERS, commandant le 6e GA US composé de la VII e Armée de PATCH et la 1ère Armée française. De LATTRE avec son sens du faste a tenu à en faire un grand spectacle où l’organisation “ MEME ” est à nouveau mise à contribution.

Le 24 juillet, la 1ère Armée est dissoute ; le 17 août le 4e Choc est muté dans une région du Wurtemberg avant sa dissolution finale, le 15 octobre. L’aventure commencée un soir de septembre à l’hôtel d’Angleterre à Mâcon s’achève.

Notes
1.

Victor LOIZILLON, op. cit. p. 252.

2.

Idem p. 260.