2-La construction d’une mémoire collective

Comme dans beaucoup d’autres situations, cela fut l’affaire de l’Amicale du 4e Choc, où se retrouvent d’ailleurs des membres des deux associations nationales rivales, l’ANACR et l’AN des CVR, ce qui reflète le fait qu’au sein du Commando de Cluny se retrouvaient des groupes FTP et de l’AS, ces derniers comptant d’ailleurs dans leurs rangs des montcelliens proches du PCF. Un accord tacite pour ne pas aborder les questions politiques maintient l’équilibre de l’organisation. La construction de la mémoire collective débouche sur l’écriture officiel de son histoire, sous la forme d’une brochure reprenant fièrement la devise “ Fault pas y craindre ” et introduite par la prestigieuse marraine du Bataillon. Celle-ci a d’ailleurs noué des liens puissants à la fois avec les individus et avec l’organisation. Sa présence en de nombreuses cérémonies a durablement témoigné du lien qu’elle établissait délibérément avec le 4e Choc et à travers lui avec le département.

Cette mémoire collective se fonde sur deux nœuds de conviction : celui d’avoir mené un juste et nécessaire combat, commun à la quasi totalité des maquisards, et celui d’avoir été d’une expérience unique. Lucien DESJARRIGES en conclusion de son ouvrage  Le Petit Peuple  1 affirme sa fierté d’avoir marché sur les traces “ des soldats de l’An II ”, d’avoir participé à la révolte du “ petit peuple contre son asservissement ” et d’avoir contribué “ activement à la Libération de notre beau pays ”. Ce que Henri MONDANGE formule en termes de “ fierté de notre particularisme ”, appréciation légitimée à plusieurs reprises, fonctionne aussi comme une façon de réaliser une revanche à l’égard de tous ceux qui les avaient traités comme de la piétaille.

Notes
1.

Lucien DEJARRIGES, op. cit. p. 156.