3-Au sein de cette mémoire collective, le mythe

Il est possible d’identifier la dimension mythique de cette mémoire collective à travers ce qu’elle garde du réel et ce qu’elle reconstruit en effaçant les formes douloureuses.

Le premier aspect concerne principalement les difficultés et lacunes dans l’utilisation du commando puis bataillon durant les épisodes les plus tragiques comme Thann. Ces derniers se transforment en signes d’identification positive et glorieuse, sur le mode : “ seuls des hommes comme nous pouvaient le faire ”. Les sentiments du commandant MONDAIN et les appréciations d’anciens de 1914-1918 leur disant qu’ils s’étaient battus comme leurs pères ne pouvaient que contribuer à constituer cela, chez des hommes dont il faut tout de même rappeler que l’âge moyen était de 20-21 ans.

A partir de là l’histoire collective peut s’organiser sur des aspects constituant les facteurs d’unité du groupe. Des nombreux écrits, récits, témoignages ressortent trois dimensions : le combat, la rencontre en Allemagne avec les déportés libérés et les collaborateurs réfugiés à Sigmaringen, enfin le sentiment d’appartenir à un histoire totalement singulière où se mêlent les attentions de général en chef et les continuités avec le maquis, braconnage, débrouillardise, capacité d’adaptation et jusqu’à la fierté de compter dans ses rangs le propre petit-fils du maréchal GALLIENI.

La contradiction entre le titre de ce chapitre et la citation d’Henri MONDANGE n’est en fait pas aussi absolue que les mots pourraient le laisser entendre. Privilégié, le Commando de Cluny le fut à plusieurs reprises. Enracinées dans son histoire, les attentions du général de LATTRE en font sans conteste une unité à part, y compris lorsqu’il le met au repos après Thann, alors que son alter ego le 2e Choc doit participer aux difficiles moments de la traversée du Rhin. Qu’il lui ait été beaucoup demandé, dans des conditions extrêmes, les chiffres des pertes comme l’importance des missions à accomplir sont là pour l’établir. Il fut le “ chou-chou ” du général, et à ce titre il lui fut beaucoup demandé et il donna beaucoup.