3-Ne leur restait alors que d’être reconnus comme de vrais soldats

Impliquées dans un combat strictement limité à des objectifs de stratégie militaire largement décidés par l’état-major allié, considérées a priori comme en étant incapables par une bonne partie des cadres de l’armée régulière, les troupes d’origine FFI n’avaient plus qu’à démontrer sur le terrain que la considération dont de LATTRE les honorait était méritée. Ils n’avaient donc d’autre solution que de se comporter comme se seraient comportés des professionnels de la guerre, afin d’être reconnu comme tels. Pour cela il fallait tout accepter, considérer que se voir confier des tâches terribles était, au prix de lourdes pertes, à la fois la condition et le début de cette reconnaissance. Qu’une affaire comme celle du couvent d’Olenberg ait été moralement bien supportée, qu’à l’inverse la mise au repos du commando de Cluny après l’épisode de Thann ait été vécu douloureusement, tout comme la frustration de ceux qui furent astreints à des tâches les éloignant des combats perçus comme décisifs, sont la confirmation de cette contradiction. Est alors compréhensible la joie d’anciens maquisards lorsqu’ils sont traités comme de véritables soldats par ceux de l’armée d’Afrique. Les combattants de la liberté avaient été mis devant la nécessité d’être reconnus comme des pairs de la part d’une armée régulière dont certains éléments avaient successivement combattu l’Allemand en 1939-1940, l’Anglais en Syrie, puis à nouveau l’Allemand à partir de 1943.

Donc si l’amalgame eut finalement bien lieu, c’est à l’inverse de celui de 1793-1794. Ce sont les FFI qui se sont amalgamés à une armée régulière qui n’était pas née du combat résistant. Après leur prise de contrôle par Londres et la défaite subséquente des mouvements, il s’agissait là de la principale défaite de la Résistance intérieure.