2- 2- La charge brutale d’André MOULINIER-CASSE-COU

D’une toute autre nature est le témoignage à charge d’André MOULINIER. Le personnage est d’emblée surprenant. Pour Guy CHEVALIER, ce “ commis de ferme ”, “ nouvel arrivant vers le 15 octobre 1943 au maquis Henri BOURGOGNE ”, “ a ensuite très vite volé de ses propres ailes, fournissant ensuite un palmarès éblouissant ( !) et gagnant, fait rarissime, la Médaille de la Libération (Tartarin sur les bords) ”. Il signe ses missives ou articles de presse, “ Capitaine André MOULINIER, dit CASSE-COU, du cadre de réserve, Compagnon de la Libération, Chevalier de la Légion d’Honneur, Rosette de la Résistance, ex-lieutenant du groupe Henri BOURGOGNE ”. En 1948, il appartient à la rédaction d’une feuille pro-RPF, Dissidence 40  et d’un hebdomadaire local Châtillon-Presse. Dans ces organes, il mène, au cours de l’automne 1948, une vigoureuse campagne contre PHILIPPOT, qui pour lui n’est qu’un voleur et un assassin. Il ne manque pas d’entregents puisqu’à deux reprises, le 13 septembre et le 25 octobre, il reçoit un courrier (annexe n°54) du juge Jean BOUCHARD, juge d’Instruction à Dijon lors du procès de 1945. Ce membre de la magistrature est très connu, le plus souvent honorablement, sur la place de Dijon. Il participe néanmoins aux manœuvres tortueuses d’un personnage comme MOULINIER. Cela est à la mesure non des faits, mais des enjeux politiques d’un tel procès, en pleine crise de Berlin, avec la volonté de chaque camp d’en faire un outil de propagande. MOULINIER organise activement les dépositions à charge de ses proches politiques. Il va jusqu’à écrire la déposition que devra faire l’un de ces témoins (annexe n°55) en précisant de sa propre main (orthographe respectée) : “ tu n’auras ca répondre aux questions qui sont celles du plan : si on te demande autre chose, tu ignore. Fit toi à mes articles car j’ai les preuves comme je le dis. J’espère avoir l’occasion bientôt d’allé à Châtillon. Je te prouverai ce que j’ai avancé hélas trop vrais ”. De sa déposition, il ne nous reste que le récit écrit deux jours plus tard par Robert SIMON (annexe n°56) et confirmé point pour point 1 par son auteur. Guy CHEVALIER, s’il est moins prolixe, confirme les traits qui se dégagent du récit du responsable communiste qu’est SIMON. MOULINIER est décrit par celui qui dirige le Comité PHILPPOT comme par celui qui vient témoigner à charge comme un homme fruste, plutôt brutal, facilement hâbleur et surtout totalement dépassé par le rôle qu’on lui fait jouer.

Notes
1.

Entretien 2 mars 1996.