5- Le verdict et les réactions

Tombé le 30 octobre, il condamne PHILIPPOT à 5 ans de réclusion et 20 d’interdiction de séjour, Simone ACCOUR à 1 an de prison, PALAZZI à trois, RICHARD à cinq. Ces trois derniers condamnés sont immédiatement amnistiés au titre de l’article 10 de la loi de 1947. Les autres inculpés sont acquittés. Seul donc reste incarcéré PHILIPPOT, purgeant sa peine de 1945. Immédiatement, ceux qui furent les pièces maîtresses du soutien à PHILIPPOT depuis le printemps 1948 réagissent vigoureusement. Emergent d’emblée deux points majeurs : la dénonciation d’un jugement ayant, selon les termes du commandant GRILLOT, traité ses camarades comme “ de vulgaires bandits de grand chemin ” ; la volonté de mener campagne contre ce procès et ceux qui sont considérés comme ses initiateurs ainsi que, concrètement, pour la libération de PHILIPPOT et l’effacement des peines. Si les co-inculpés de PHILIPPOT en sont à leur première condamnation, ce n’est pas le cas de ce dernier et cela renforce la complexité de sa situation. Aux initiatives en sa faveur déjà observées avant même le procès de Nancy, aux demandes de révision du procès de 1945 ou de grâce présidentielle pour la peine qui lui est afférente s’ajoutent désormais deux pistes : celle de la cassation et celle d’une autre grâce. Parmi ceux qui prennent manifestement en charge le dossier avec le plus de vigueur figure Dominique PALAZZI, inculpé à Nancy, amnistié, accusé par Guy CHEVALIER d’avoir été de ce “ groupe de Semur ”, non sans avoir été un des fondateurs du groupe BOURGOGNE dès novembre 1942, ce qui revient tout de même à lui reconnaître une année au moins de résistance authentique avant la dispersion opérée en novembre 1943. Dans sa lettre du 7 novembre à Robert SIMON, PALAZZI pose avec force les bases et objectifs d’une campagne de soutien. Usant d’un vocabulaire guerrier où il estime qu’il faut “ redoubler de coups ” pour amener à “ faire capituler ” les “ ennemis de la Résistance ”. Il fixe clairement l’objectif : ‘“ faire effacer la décision de la Cour d’Appel de Nancy ”’. Les moyens proposés relèvent de la démarche militante classique des temps de paix : “ meeting, affichages massifs à Semur, Les Laumes, Montbard, localités avoisinantes, inscriptions ”, convergeant en cela avec les propositions faites depuis Chassignelles dans l’Yonne par le plus ancien de tous, PROUDHON, 61 ans, manifestement prêt à s’impliquer dans “ un plan de travail pour faire des réunions ”. Guy CHEVALIER, pourtant témoin à charge à Nancy, se souvient avoir assisté au meeting organisé à Semur, dont il retira le sentiment que désormais ce qui avait été pour lui le seul enjeu, celui de la préservation d’une certaine image de la Résistance et de son chef Henri CAMP, était dépassé. Dans un contexte international (blocus de Berlin-Ouest) et national (grèves de l’automne 1948) extrêmement tendu, le PCF mène alors vigoureusement campagne, par l’intermédiaire d’organisations périphériques pour faire renaître une mythique unité résistante et de cette façon sortir de l’isolement politique dans lequel la fracture de 1947 l’avait plongé.