II-ROBERT SERAUT, DE LA RESISTANCE AUX PRISONS DE LA REPUBLIQUE

1-Un jeune communiste résistant

Robert SERAUT naît le 8 juin 1925 à Saint-Jean-des-Vignes, commune maraîchère et ouvrière de la périphérie Nord de Chalon-sur-Saône, avant son rattachement à cette commune en 1956.

Lors de sa scolarité primaire, il eut comme instituteur Jean DAMICHEL, militant communiste. Celui-ci fut la première victime chalonnaise de la barbarie nazie. Muté par l’administration vichyste en juin 1941 à Cressy-sur-Somme 1 , arrêté lors des rafles de militants communistes dans les mois suivant le déclenchement de l’opération Barbarossa, détenu au Fort de Romainville puis transféré à la prison du Cherche-Midi, il est exécuté au Mont-Valérien le 15 décembre 1941. Il fait partie des nombreuses victimes de la politique du PCF de maintien de ses cadres dans la légalité avant l’attaque de l’URSS et même au-delà.

La guerre intervient alors que Robert SERAUT est apprenti mécanicien dans une maison de transports chalonnaise. Comme beaucoup de jeunes hommes de sa génération, il fuit à bicyclette devant le déferlement des troupes allemandes en juin 1940, pour revenir plus tard, dans ce qui est désormais la zone occupée, à quelques kilomètres de la ligne de démarcation, sur l’axe majeur Paris-Lyon. Son employeur ayant cessé toute activité de transport et lui-même refusant de rester dans un secteur métallurgique travaillant pour l’occupant, il devient apprenti menuisier dans une entreprise de travaux publics. Celle-ci semble un refuge pour militants communistes puisqu’il y côtoie trois membres du PCF, Louis GAUDILLOT, Louis GENOT et Louis BOUVRET. Ceux-ci ont tôt fait d’organiser SERAUT et lui confient 2 comme tâches politiques “ de simples distributions de tracts et des inscriptions sur les murs ”. Arrêté le 18 juillet 1941, écroué et interrogé à Chalon, il est transféré à Dijon où il comparaît le 20 août 1941 devant la Cour spéciale qui le condamne à cinq ans de liberté surveillée, considérant que, vu son jeune âge, il a agi “ sans discernement ”. Dès son retour, il reprend une activité militante. Ce dont fait état le récit qu’il a rédigé pour informer ceux qui prendront sa défense en 1948 est tout à fait révélateur des réalités et de la politique du PCF en 1942. En effet, s’il parvient à constituer un groupe conséquent de jeunes, membres des JC, il n’indique comme communistes “ passés au premier groupe FTP de cette époque ” que GAUDILLOT, BOUVRET et GRILLE qui est son responsable direct aux JC. C’est bien avec une grande parcimonie que le PC engage des militants, en 1942, dans la Résistance active et particulièrement dans les FTP naissants.

Inquiété par la police à la suite de l’arrestation d’un de ses “ jeunes camarades ” le 28 avril 1942, il est envoyé par GRILLE en zone libre, à Saint-Gengoux-le-National, au pied de la Côte chalonnaise, travailler dans une scierie dont le patron est communiste. Le 20 mai, il est convoqué, muni d’un sauf-conduit, à un rendez-vous à Paris avec un dirigeant de la JC pour le 1er juin. Après s’être teint les cheveux en brun (il est naturellement d’un roux peu discret), c’est à bicyclette qu’il franchit en sens inverse la ligne de démarcation et pédale jusqu’à Montereau où il prend le train pour Paris. Il reçoit la consigne de se rendre dans un maquis de Côte d’Or, à Channey, commune de 80 habitants près de Laignes, le chef-lieu de canton.

Notes
1.

Contrairement à ce que ce toponyme pourrait suggérer il s’agit bien d’une commune du département, située entre Gueugnon et Bourbon-Lancy.

2.

Entretien 6 décembre 1996.