5-Face à la justice

Dès juin 1945, une première enquête est diligentée contre lui pour dénonciation. Au bout d’un mois d’investigations, l’affaire est close.

Au cours de l’été 1945, R. SERAUT se souvient avoir eu plusieurs “ altercations avec la police ”. Dans son récit de 1948, il indique qu’alors, il ‘“ transporte un nombre considérable d’explosifs et munitions de tout genre, qui peut-être sont des restes de distributions effectuées par moi avant ma fuite de 1942 ; c’est mon devoir de les reprendre, car j’en suis seul responsable depuis la mort de mon regretté chef de groupe dans la résistance. J’en utilise quelques-unes encore valables, pour diverses attractions de nuit ; j’en suis d’ailleurs soupçonné, sans preuves ”’. Les “ attractions ” en questions sont en fait 1 des attentats de faible dangerosité devant des habitations de collaborateurs réels ou supposés. Ce dont fait ici état R. SERAUT relève d’une situation très fréquente au cours de l’été 1945. Si ces actes, le plus souvent perpétrés par de jeunes résistants, contribuent à créer un climat délétère, ils sont surtout la manifestation d’un vide politique et d’une épuration lente et partielle qui les amènent à ce qui relève dans la plupart des cas d’enfantillages. Il n’empêche que ceci les constitue en individus dangereux pour tous ceux qui souhaitent un retour rapide à l’ordre, PCF compris.

Le 28 novembre 1945, il est à nouveau convoqué par la justice, à Dijon cette fois, à nouveau pour dénonciation. Assuré par NICOLAS, secrétaire de la section chalonnaise du PCF que son parti le défendra et qu’il n’a rien à craindre, il s’y rend sans grande inquiétude. Or, il est sur le champ inculpé et écroué. Après une instruction rapide, il passe devant la Cour de Justice de Dijon le 4 janvier 1946, rassuré par son avocat qui lui promet l’acquittement.

C’est dire son effroi lorsqu’il entend le Procureur GARNIER qui siégea au Parquet de Besançon pendant l’occupation, demander la peine de mort pour trahison, allant jusqu’à avancer l’hypothèse qu’il ait adhéré à la LVF. L’absence de toute forme de preuve comme la jeunesse de l’accusé expliquent que loin de suivre le Commissaire du gouvernement, les jurés de la Cour de justice le condamnent à 3 ans de prison, dégradation nationale et confiscation de ses biens, peine allégée mais cependant effarante pour SERAUT.

Il purge le début de sa peine à Besançon, avant d’être ramené à Chalon où une nouvelle instruction est ouverte contre lui, cette fois pour attentats contre des collaborateurs. Comparaissant en correctionnelle pour ce chef d’inculpation, il est condamné à 1500 francs d’amende, en juillet 1946. Ainsi, il est emprisonné pour dénonciation et collaboration, puis pour attentat contre des collaborateurs…

Notes
1.

Robert SERAUT entretien cité.